Discours élaboré par Luc Pourbaix lors de la journée
de rassemblement à Houdeng-Goegnies, à la cantine des Italiens, et lu à la fin
du repas.
 
 
100 ème
anniversaire de naissance de Papa, Houdeng-Goegnies, 21 septembre 2013
 

 
 - Ce n’est pas dans mes habitudes de
     discourir longuement, mais je trouve que l’odyssée, aussi étonnante que
     touchante de Papa, méritait bien dix bonnes minutes de notre temps à tous.
     C’est grâce à l’initiative rassembleuse de  CHANTAL, l’aide efficace
     d’AGNES, la complicité de MARIE et ma modeste synchronisation
     téléphonique, que nous sommes une bonne cinquantaine à être réunis
     aujourd’hui pour fêter le 100 ème anniversaire de la naissance
     de notre père, HENRI POURBAIX. 
     Un immense merci à vous tous, famille et amis proches, de votre présence à
     nos côtés à HOUDENG-GOEGNIES, non loin de BINCHE, ville native de la mère
     de Papa. 
 - Mise à part l’année de sa naissance en
     1913, notre père possédait un autre point commun avec CHARLES TRENET, le
     NARBONNAIS ; comme lui, il était artiste et poète.
     HENRI POURBAIX naquit rue de MONTIGNY à CHARLEROI, le 17 novembre 1913.
     Pour la troisième génération de ses descendants qui nous écoute, c’était
     la veille de la première guerre mondiale.
     Quatrième enfant et fils unique de LUCIEN POURBAIX, qui poursuivait brillamment
     sa carrière comme Conseiller à la Cour de Cassation à BRUXELLES, et de
     JEANNE LEVIE, décédée prématurément à l’âge de 43 ans.
     Papa avait donc à peine 12 ans à la mort de sa maman, et 27 à celle de son
     père. Sa sœur aînée, MARIE-LOUISE – dites TANTAN LOULOU – restée
     généreusement célibataire, jouera un rôle clé dans l’éducation de son cher
     petit frère HENRI.
     A l’issue des ses candidatures à ST LOUIS à BRUXELLES, notre père décroche
     son diplôme de Docteur en Droit à l’Université Catholique de LOUVAIN –
     LEUVEN. 
 - Nous pensons particulièrement aussi aux
     deux autres sœurs de Papa :
     TANTE LUCIENNE, épouse de JEAN MORELLE, et TANTE JOSETTE, épouse de
     CHARLES DUPRIEZ. Le Professeur et Docteur en médecine, JEAN MORELLE,
     pionnier de la greffe du rein, fut nommé Chevalier par le ROI BAUDOUIN.
     Quant à CHARLES DUPRIEZ, Ingénieur Civil, il traversa tant de fois
     l’Atlantique pour le CANADA que la SABENA lui décerna de nombreuses traversées familiales gratuites. MONREAL plut tellement aux enfants DUPRIEZ que
     plusieurs d’entre-eux choisirent de s’installer au QUEBEC, où ils vivent
     toujours aujourd’hui. 
 - C’est en pleine seconde guerre mondiale
     qu’HENRI va épouser la belle MARIE-ANTOINETTE LIAGRE, fille de médecin,
     laquelle dut interrompre ses études d’infirmière, suite aux hostilités.
     C’était à LIEGE, le 26 novembre 1942. Maman ne connaîtra ni sa belle-mère,
     ni son beau-père, LUCIEN POURBAIX, décédé lui aussi deux ans avant leur
     mariage.
 
 - Papa est alors Substitut du Procureur du
     Roi à HUY.
     C’est une période professionnelle qu’il affronte, sans pour autant
     l’apprécier. Marie pousse son premier cri rue Sous-le-Château à HUY, le 22
     avril 1944, sous les bombardements.
     Quel bonheur pour ses parents et grands-parents maternel de découvrir le
     sourire radieux de leur premier enfant et petit-enfant, la jolie Marie. 
 - Le travail ingrat de notre magistrat
     consiste parfois à identifier des cadavres, sous l’occupation allemande.
     L’officier de police, qui l’accompagne dans ses déplacements, lui dit au
     pied d’une dépouille allongée sur le sol : « Venez, Monsieur le
     Substitut, nous allons procéder à la mise en bière ».
     Traduisez : nous allons aller boire un verre…….. 
 - Peu avant la fin de la guerre, un officier
     SS de l’armée allemande s’introduit dans la maison des parents de maman à
     MODAVE et entraîne de force notre père dans la cave, le fusil appuyé
     contre sa tempe, prêt à tirer. Les assassinats de notables étaient
     fréquents à cette époque… Notre grand-mère maternelle CLOTILDE intervient
     et sermonne si énergiquement en allemand le SS que celui-ci, pris de
     panique, lâche Papa et s’enfuit. Sans le courage musclé de GRAND-MAMAN,
     seule MARIE aurait pu relater cette histoire qui finit bien.
 
 - Après la libération, retour à BRUXELLES
     où notre beau grand brun, un peu voûté, choisit de devenir avocat à la Cour d’Appel.
     Agnès, puis Luc, seul garçon bien entouré par trois filles, et enfin CHANTAL,
     quatrième petit dernière, complètent le bonheur familial.
     Nous sommes alors installés au 45, avenue d’AUDERGHEM, maison situé face
     au Parc du Cinquantenaire et qui est aujourd’hui occupée par la Commission Européenne. Raison qui poussera nos parents à acquérir ensuite notre nouveau logis
     du 14, Avenue Michel-Ange, baptisée avec humour le Palazzo. 
 - Tous ceux qui, comme moi, ont savouré
     PAGNOL dans La Gloire de mon Père et Le Château de ma Mère, retrouveront
     sans doute certaines similitudes à la suite de notre « Saga
     familia ».
     Dans les années ’50, Papa consacre ses dimanches à sillonner le Brabant
     Wallon en vélomoteur SOLEX, à la recherche d’une maison de campagne. 
 - Le 30 juin 1951, les parents achètent LE
     RELAIS à GAILLEMARDE-LA HULPE, fermette nichée au creux de la Forêt de SOIGNES, idéalement située à 18 Km seulement de la capitale.
     Papa, enthousiasmé par sa récente acquisition, fait visiter sa demeure à
     son ami Architecte PIERRE d’HUART, lequel à la franchise de lui
     dire : « Mon pauvre HENRI, vu l’importance des travaux à
     effectuer, à ta place je ferais raser cette maison pour en construire une
     nouvelle ! »
     Mais les parents ne se découragent pas. Au fil des ans, LE RELAIS, peu
     pratique, deviendra une charmante fermette de campagne où la famille
     POURIABX coulera des jours heureux.
     Maman écrivait : « CHANTAL n’avait encore que 2 ans, elle
     marchait à peine, le jardin était une forêt vierge où passait parfois une
     biche et la maison était bien peu confortable : un point d’eau à la
     cuisine, 1 W.C. à l’extérieur (le soir, on faisait la file avec une
     bougie !). Nous n’avions pas de voiture à l’époque. On prenait le bus
     Place Flagey à BRUXELLES jusqu’au 3 Colonnes à LA HULPE, ensuite il fallait marcher pendant 40 minutes (en poussant le landau qui contenait
     CHANTAL, bébé, les bagages pour la nuit et les provisions du
     week-end ; chaque enfant devait porter son sac à dos). Puis, le
     dimanche en fin d’après-midi, retour à BXL par le chemin inverse ». 
 - Nous passons également une partie de
     l’été à MODAVE en CONDROZ, seconde résidence des parents de Maman, demeure
     qui nous semblait être un vrai château par rapport au Relais de
     GAILLEMARDE. Quel plaisir d’y retrouver nos cousines MERTEN, enfants
     d’oncle PIERRE et de tante SUZANNE, sœur cadette de Maman, et de faire les
     quatre cents coups avec eux.
 
 - 
   

        CHANTAL, THERESE (illisible) devenue DEMOULIN, BENOIT et BERNARD MERTEN se
       souviennent de la PEUGEOT familiale qui reste immergée dans un passage, dont
         nous avions décidé qu’il serait « à gué », du HOYOUS Condruzien.
        Et de l’engueulade, bien justifiée, des parents qui suivit, dès notre
         retour au Vieux Logis. 
  
 - En tant qu’Avocat, Papa possédait une
     grande finesse d’analyse, due principalement à une écoute bienveillante et
     sans faille.
     Au Barreau, il aurait pu aisément faire carrière en plaidant des divorces.
     Ils furent nombreux les couples venus le trouver, bien décidés à se
     séparer, à repartir épanouis et réconciliés.
     Lorsqu’il plaide et remporte avec succès l’affaire des Syndicalistes
     belges au profit de JO BERTINE, dit le bandagiste, Maman n’hésite pas à
     téléphoner à LA LIBRE Belgique
     afin qu’elle réserve un article élogieux à son avocat de mari. 
 - Notre père, passionné de généalogie,
     faisait remonter les origines de la famille bien au-delà de 1656, date de
     la naissance de notre illustre aïeul AUGER POURBAIX, co-fondateur des Charbonnages
     de BOIS-DU-LUC à HOUDENG-AIMERIES, raison historique qui incita CHANTAL à
     nous réunir ici.
 
 - HENRI POURBAIX écrivit deux livres :
     LE PACTE SCOLAIRE, qui fut publié aux Editions DUTILLEUL, et LA LONGUE CHEVAUCHEE, récit fantastique qui débute en 1476 et reste inachevé, suite au décès de
     notre père le 17 avril 1979 à GAILLEMARTE. A cette époque, CHANTAL
     enseignait au [CTTERSUN] et ne put revenir en Belgique, comme elle
     l’aurait souhaité. Puisse cette belle réunion familiale dont elle fut
     l’instigatrice, sublimer son absence, bien involontaire, ce jour là.
 
 - Papa puisait son oxygène en s’échappant
     pour peindre à GAILLEMARTE, MODAVE, OSTENDE ou SORENTO.
     La nuit tombait déjà, en été, lorsque [Toinon], inquiète de ne pas voir
     revenir son époux, m’envoyait le rechercher.
     Je le retrouvais parfois en costume trois pièces, avec son chevalet planté
     au beau milieu d’un champ de blé à Gaillemarte. Lorsque des connaissances
     demandèrent à notre père l’âge de ses quatre enfants, un silence
     embarrassé précédait sa réponse : « Oh, mon Dieu, c’est
     épouvantable ce que vous me demandez là, ça change chaque année »…. 
 - Une période de l’histoire le passionnait
     particulièrement : les Ducs de BOURGOGNE au sujet desquels il
     possédait une impressionnante bibliothèque. Agnès, très complice de son
     père, pouvait deviser des heures de sujets historiques ou littéraires avec
     lui.
     TOINON confiait à ses amis qu’HENRI avait au moins deux maîtresses
     connues : « Margueritte d’Autriche et Diane de POITIERS »,
     lesquelles prenaient place, le plus souvent étendues à deux, non pas dans
     mais bien au beau milieu de leur lit conjugal.
     Mais, si tout cela fut possible, c’est surtout parce que, pendant ce
     temps, à la maison, notre mère orchestrait magistralement toute
     l’ordonnance de notre petite famille, tout en assurant les cours de
     Religion de l’Ecole N°9, Rue des Eburons à BRUXELLES. 
 - Maman pouvait faire preuve d’un courage
     et d’une détermination exemplaire.
     Papa avait une santé fragile et, vers ses 57 ans, se trouvera immobilisé,
     sans plus pouvoir marcher, dans un lit d’hôpital de la clinique St Jean à
     BRUXELLES.
     Notre mère prit seule la responsabilité de signer une décharge pour faire
     sortir son mari de l’hôpital, commander une ambulance et ramener Papa pour
     l’installer au rez de chaussée à GAILLEMART. En dépit de tous les
     pronostics médicaux pessimistes, Papa remarchera  et vécut encore très
     heureux à GAILLEMART, aux côtés de Maman, pendant près de 10 ans. 
 - MARIE, AGNES, CHANTAL, JEAN, JO, CLAUDINE
     et moi tenons à vous remercier chacun individuellement, d’avoir partagé
     avec nous le 100 ème jour-anniversaire de la naissance de notre
     père.
     Quel bonheur de voir et d’entendre ses 27 petits et beaux-enfants et,
     surtout, ses 24 arrières petits enfants pérenniser ici son merveilleux
     souvenir.
     Pape était lent, se méfiait des honneurs et évitait les mondanités.
     Aujourd’hui, il vient de réunir une triple performance : réunir 55
     convives autour de sa modeste personne, sans les avoir fait attendre et,
     tout en restant aussi présent que discret.
     Merci, cher HENRI, de nous avoir ici si chaleureusement réunis, et à votre
     bonne santé à toutes et à tous. 
 
LUC POURBAIX, HOUDENG, 21 septembre 2013
 
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Christian Goens, La Louvière, Belgique