GILLES DE RAYS, maréchal de France

Gilles de Rays, de Rais ou de Retz (et même Raiz), qui devrait, si ce n'était la tradition, se nommer Gilles de Laval, est connu essentiellement comme étant un des plus grands criminel de l'histoire. Il semble que ce soit à raison.

Je n'ai strictement aucune sympathie pour ce genre d'individu, évidemment, mais il reste évident que c'est un personnage fascinant, tout comme l'ont été Staline, Hitler, Napoléon comme hommes politiques et Jack l'Eventreur, Landru, etc. , à titre privé, autres grands criminels de l'histoire. En fait, on ne les compte plus. La littérature nous livre une bibliographie abondante à ce sujet.

Eléments bibliographiques sur Gilles de Laval, baron de Rays

NB: il exiserait plus de deux cents ouvrages, pièces de théâtre, etc. sur le sujet.

Notre démarche est dégagée des jugements qui peuvent les avoir accablés; elle se dirige vers une démarche de généalogie, aussi banale que si l'on traitait l'ascendance du roi Albert II ou celle de Jacques Brel (ce qui a été fait). Et aussi vers l'héraldique de base.

Je suis certain que des généalogies plus ou moins complexes ou élaborées ont été faites sur Gilles de Laval, seigneur de Rays.

Sur le net, cependant, on trouvera quelques éléments supplémentaires si le sujet vous intéresse.

Un peu au hasard:

http://www.le-pont.net/DeRais.html
http://www.auracan.com/Interviews/Chaillet/Chaillet1.html http://www.philophil.com/philosophie/mal/figures/rais/Gilles_de_Rais.htm
http://home.tiscali.be/frederic.staes3/sk-gille.htm
http://www.heresie.com/rais

A part les pièces importantes de son procès, bien conservées encore aujourd'hui, et très connues, l'esprit populaire l'associe à Jeanne d'Arc, personnage déformé par le mythe et qui lui fait beaucoup d'ombre d'autant plus que d'aucun considère Gilles comme un personnage sinistre qu'il vaut mieux voir s'effacer de l'Histoire.

Comme beaucoup de psychopathes, il était intelligent et entreprenant. En plus, il se prévalait de faits de guerre prouvant son courage et son engagement pour la couronne. Il était à la tête d'une fortune considérable, d'une quantité importante de seigneuries et de serfs, de propriétés prestigieuses et de places fortes et de châteaux stratégiques, d'une notoriété majorée par son grade de Connétable (ou Maréchal) de France. Il était cultivé et raffiné, parlant couramment le latin, d'une sensibilité exacerbée par toutes sortes d'éléments qui nous échappent aujourd'hui. Les chorales d'enfants le faisaient frémir, ainsi que les spectacles populaires tels qu'on le concevait au Moyen Age. Il était sensible à l'architecture, aux fastes et pompes et s'adonnait à l'étude du Grand Œuvre pour accroître sa puissance, malgré l'interdit.

Ce qui a de particulièrement repoussant dans le personnage, c'est évidemment sa propension à choisir ses victimes parmi les enfants. Soyons clair, il fut un des plus grands monstres de l'histoire universelle, son procès et ses aveux nous l'ont démontrés.

Après avoir avoué ses fautes en demandant pardon (au moins une centaines d'enfants nubiles, principalement des garçons, étripés, décapités, sodomisés), il est mort après avoir été pendu sur un bûcher. Il échappa à la carbonisation complète et fut inhumé aux Carmes de Nantes par des dames patronesses.

Evidemment, les artistes se sont saisis du personnage mais une nomenclature reste à faire. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que ce soit des portraits réels. Les plus vraisemblables sont ceux qui représentent un homme jeune à très jeune.

Les armes ici sont l'écu original des de Rays, venu de Jeanne La Sage; l'autre est l'écu des Laval de Normandie

Un des artistes les plus récents puisque contemporain qui se soit saisi du personnage est Jacques Martin et son dessinateur Jean Pleyers. Dans une série de bandes dessinées qui fait date, il met en jeu un personnage itinérant, manière Tintin ou Alix, qui se lie par hasard à Gilles de Rais. Il a porté plusieurs noms mais retenons celui de Jhen Roque. Dans la plupart des histoires, le personnage principal devient en fait Gilles, sans l'avouer, tout comme Hergé fait s'effacer Tintin au profit de Tournesol ou Haddock. Comme il s'agit d'histoires dessinées a priori pour les adolescents, la trace des méfaits du personnage est discrète mais perceptible. D'une façon épique, ces situations donnent à l'artiste dessinateur, l'occasion de montrer un talent incontestable pour ce qui est des costumes, des décors et des architectures visiblement marquées par Violet-le-Duc et grande quantité d'autres sources de documentation. Un sens aigu du costume et d'une certaine façon de s'exprimer confère à ces histoires des airs de véracité où le héros principal fraye avec le diable en entretenant un certain malaise, malgré ses prises de position.

Players met en œuvre également l'héraldique qui n'a rien de fantaisiste car on distingue les armes de France, celles du Dauphin, celles des Laval et bien sur, celles du Connétable, qui ne sont pas seulement de Rays, mais de Rays ourlé de France, selon un privilège donné par le roi Charles VII en vertu des services rendus à la couronne. Les suppléments d'armoiries datent de septembre 1429 depuis Sylly-sur-Seine et le Maréchalat date du 16 juillet 1429

Sinon, Gilles portait normalement Laval-Montmorency avec des brisures avant qu'il ne relève de Rays

On remarquera que sur le tableau précédent, on joint l'écu de Rays avec celui des Laval de Normandie (champ de contre-hermine). On ne sait pas pourquoi.

Dans la description des armes de Montmaurency-Laval que donne Frédéric Luz dans son Grand Armorial Universel, il blasonne les alérions d'azur alors que nous les avons représentés de sable

Nous avons vérifié pour voir ce qu'il en était des alérions. Et sur le site Héraldique européenne (www.heraldique-europeenne.org/.../ Montmorency.htm) à l'article Montmorency Laval où nous avons également relevé l'écu de Rais qui suivra, nous pouvons remarquer que les alérions sont effectivement d'azur. En cela, il semble que Pleyers se soit légèrement trompé.
Voici les armes officielles de Gilles, avec la couronne de baron et les bâtons de maréchal de France.

 

Players dessine plus volontiers les armes de Gilles sur des gonfanons, des bannières, des harnachements de cheval, sur des parements ou journades (sorte de chasuble passée au-dessus de l'armure, soit pour se protéger du froid, soit en manière d'afficher ses armes ou sa fortune), sur des houppelandes.

 

 

Gilles de Rays, à 25 ans, est l'un des plus grands guerriers du royaume de France, mais il est mort à Nantes le 26 octobre 1440. Il n'avait que trente-six ans, étant né au château de Champtocé (Anjou) en novembre 1404, arrière-petit-neveu de DuGuesclin, Il appartenait à l'une des plus puissantes familles de son temps dont les Montmorency. On estime qu'il a commencé ses assassinats à partir des années 30-32, directement après la mort de son grand-père.

 

On en parle peu, mais Gilles s'était marié le 30 novembre 1420 (seize ans) avec Catherine de THOUARS après l'avoir enlevée. Cette dernière après son veuvage épousera en 1442 Jean II de VENDOME, vidame de Chartres, seigneur de Lassay décédé en 1462.

Il avait eu une fille, Marie de Rays, décédée en 1474 qui épousa successivement PREGENT de COETIVY, conseiller et Chambellan de Charles VII, amiral et en secondes noces André de LAVAL, amiral et maréchal de France, cousin par alliance.

Gilles lui-même venait de Guy II de LAVAL (décédé 28 septembre 1415) qui avait épousé le 5 février 1404 Marie de CRAON (décédée en 1415), fille de Jean de CRAON et de X et qui épousa en secondes noces Anne de SILLE, la grand-mère de Catherine. Ce sont principalement ces grands-parents qui assurèrent l'éducation de ce garçon particulier. Jean de Craon qui élèvera le jeune Gilles, est-il le facteur, l'origine de la folie meurtrière de Gilles de Rais ? Il est décrit comme un homme violent, taciturne, calculateur et sans scrupules.

Le grand-père est mort le 15 novembre 1432, laissant une fortune considèrable. Gilles va se déchaîner, se retirant dans ses châteaux de Tiffauge, de Machecoul et de Champtocé, à Nantes dans l'hôtel de la Suze, ne guerroyant plus et n'armant plus pour l'ost. Il va assouvir ses instincts bizarres et sa soif de violence et de sang sur des innocents.

Si vous connaissiez le sujet, vous direz sans doute que je n'apporte rien de nouveau, mais peu importe. Les pages qui précèdent ne sont que le résultat de compilations. Si je puis majorer l'iconographie ultérieurement, je le ferai. En attendant, je ne puis que vous recommender les ouvrages de Jacques Martin et Players si vous voulez prendre un bain d'histoire romancée. Et d'attendre, avec moi, un dernier album qui tournerait autour de l'arrestation, du procès et de la mort du fameux prédateur, pour réhabiliter l'histoire dans sa triste réalité.

 

Christian Goens - La Louvière - 2004 - tous droits réservés. Les vignettes tirées des albums ont été référencées et on se les procure aujourd'hui chez Casterman..Les deux portraits viennent de l'Internet aux adresses fournies précédemment. Les écus plats ont été dessinés par l'auteur.