A LA MEMOIRE DE ROBERT GHISLAIN POURBAIX
1934-2005
prêtre, 1969-2005
Bulletin des Anciens - Institut Saint-Joseph - La Louvière, Nouvelle série, N° 5 juin 1969
Robert Pourbaix est décédé à l'Hôpital de Jolimont - Haine-St-Paul le 13 janvier 2005 des suites d'une intervention chirurgicale majeure exécutée sans préparation possible préalable, opération que nous lui avions vivement recommandée de nombreuses années plus tôt pour son efficacité, étant donné l'expérience que nous en avons dans la famille. Il n'avait jamais le temps pour lui-même. Il a choisi...... Il a fait un mauvais calcul car maintenant il est parti et on ne pourra plus jamais l'aimer et l'honorer qu'au passé, le trait est tiré.
A un mois près, mais à 320 ans de distance, il pouvait fêter la signature qu'avaient apposée ses deux aïeux sur le contrat de constitution du charbonnage du Grand Conduit qui devint plus tard le charbonnage de Bois-du-Luc. Ses deux aïeux comparchonniers étaient Charles SIMON et Auger POURBAIX. C'était effectivement le 14 février 1685.
Adieu, cher Robert. Comme nous aurons l'occasion de lire dans les temps qui viennent pas mal de littérature sur tes oeuvres, littérature que je compilerai et que je rassemblerai ici, je vais seulement dire pour l'instant quelles étaient les relations qui nous liaient personnellement.
Suite à mon récent déménagement, sans doute, je n'ai pas été prévenu de son décès et c'est avec plus d'un mois de retard qu'un ami de ma maison m'a prévenu.
Trente-cinq ans de prêtrise, c'est peu pour un personnage qui a fait beaucoup et qui aurait pu continuer encore. Mais peu importe pour moi sa situation consacrée puisque ma relation avec lui est bien plus ancienne. Entre lui et moi, il n'a jamais été question de religion ou de foi: il me savait mécréant et je le savais prêtre, mais cela n'a pas vraiment affecté notre relation.
J'ai connu Robert Pourbaix bien longtemps avant qu'il ne fut prêtre, comme élève à l'Institut Saint-Joseph à La Louvière et ce, dès son retour du service militaire. C'était, je crois, en 1954. Je l'entends encore marcher sur l'estrade en bois comme seuls, les soldats savent marcher. J'en sais quelque chose. Robert nous donnait cours de musique, très élémentaire. Il faut dire qu'à cette époque, j'étais hyper doué pour ce qui concernait le chant et le solfège. Et peut-être bien dans tout l'établissement. J'étais donc son élève 'particulier'. Mais comme je n'étais pas particulièrement doué pour l'histoire et la géographie, il devait sans doute l'oublier lors de ces cours. Ce dont je me souviendrai toujours, c'est une réflexion qu'il fit un jour concernant les liens de famille. Il me dit "Demande à ton père", comme si seul mon père pouvait me dire la chose. Mon père, évidemment ne voyait pas. Robert avait éveillé en moi les germes qui feraient de moi un généalogiste.
Je ne me suis jamais plu dans cet établissement où je n'ai pas connu un seul pédagogue digne de ce nom sauf en dernière année primaire (Monsieur Heureux). Il n'y avait pas encore de cycle technique et je ne suis pas resté dans cette école où l'on devait se promener dans les couloirs les bras croisés, assister à des offices religieux et aller à confesse pendant les heures d'étude. La vie nous sépara. Je terminai des études trop brèves, entrai dans la vie professionnelle, me mariai. Robert entra en séminaire et devint prêtre en 1969. Mes études généalogiques commencèrent en 1965, pendant mon service militaire. Quinze ans plus tard, la généalogie de ma fille était terminée et je commençai mes études sur les Pourbaix dont je descends par les femmes d'une famille de ma grand-mère Victoria Horemans.
Je publiai une première étude mal imprimée, mal orthographiée, mal documentée vers 1981. Et j'en diffusai un nombre extraordinaire d'exemplaires à l'échelle locale. Et un jour que par hasard je me trouvais à la maison, un grand personnage de sombre vêtu sonne chez moi. Petit béret typique sur le crâne, petit document sous le bras, il me dit "Christian, me reconnais-tu?". "Monsieur Pourbaix!". Il y a sans doute des choses qu'on n'oublie pas car, mine de rien, je ne l'avais plus vu depuis 25 ans, et pas en col clergymen et béret. C'est de ce jour que nous avons repris nos relations, plutôt de type familiale parce que ma femme l'appréciait énormément également. Il venait toujours à l'improviste, en passant, car nous habitions une rue qui est un axe principal de La Louvière. Il ne prenait jamais que de l'eau ou du lait. Nous n'avons jamais réussi à l'avoir à notre table. Toujours pressé à faire autre chose. Il était évidemment intéressé par mon étude et je lui dressai un crayon généalogique prouvant qu'il descendait bien des deux maîtres des fosses Pourbaix et Simon. Ultérieurement, je dressais également pour lui d'autres crayons généalogiques que des Pourbaix lui sollicitaient. Il préparait à cette époque déjà son ouvrage sur "Les charbonniers de Bois-du-Luc" édité en 1983 par les ateliers de la Fédération du Tourisme du Hainaut à Mons. Il y travailla deux ans jusqu'à l'épuisement pour être sur qu'il existât pour le tricentenaire. Il se transforma pour l'occasion en historien et il est sans doute un des seuls chercheurs à avoir épluché la quasi totalité des archives des Bois-du-Luc déposées aux Archives de l'État à Mons, y compris les livres de résolutions, etc. Grâce à ses recherches, j'ai moi-même pu aller dans les dites archives directement au coeur des problèmes, encore que je n'ai jamais été intéressé que par les archives anciennes à très anciennes. J'ai en outre bénéficié de son entregent. Il est évident que s'appeler Goens quand on travaille sur la famille Pourbaix est un sérieux handicap.
Fédération du Tourisme du Hainaut, 1983
En 1991, suite à une souscription, j'éditai le premier ouvrage mieux agencé sur l'histoire des familles Pourbaix du Hainaut central et la plus grande partie des ouvrages furent cédés aux amateurs lors d'une réunion organisée sous les auspices des Affaires culturelles du Hainaut. Robert en était et apparaît discrètement sur la seule photo de l'événement qui existe. L'année suivante, j'éditais la seconde édition revue et augmentée, épuisée actuellement.
Lors que je prépare ma future édition post-mortem, j'eus encore le plaisir de travailler avec Robert sur un sujet assez extraordinaire: la transmission des parts de charbonnage pour lequel il avait encore travaillé sur les archives. En outre, le curateur lui avait remis des documents en mauvais état trouvés dans les combles lors des travaux de réfection des toits du site qui constitue aujourd'hui le musée. Il me confia tous les documents sur lesquels je travaillais pendant plus d'un an, pour les sauvegarder et les analyser. Il s'agissait d'un nombre invraisemblable de pièces d'époque d'intérêt très varié concernant les litiges et procès de la Société. J'en éditais deux exemplaires: un pour lui, un pour moi que je reliais personnellement. Tous les documents furent photocopiés et le format de l'ouvrage est A3. Il s'intitule "Duplicata du dossier Éléments et analyses des procès contre personnes privées de la société de charbonnage de Bois-du-Luc et d'Havré" Christian Goens, La Louvière - 1993. Une vraie thèse de licence en histoire. (quelques extraits). Je ne sais ce que Robert en a fait. Je suppose qu'il est dans "son musée". Eh, oui, à Bois-du-Luc, il y a deux musées! D'un côté, les pouvoirs publics, les budgétisations, l'emprise du scientifique et du marketing; de l'autre, la modestie, le voeux social, la bonne volonté et le bénévolat. Deux façons de procéder pas tout à fait compatible. A chacun de juger.
La Dernière Heure / Les Sports
Date: 15/01/2005
Edition: Mons
Section: REGION
Sous Section: MONS
Bois-du-Luc en deuil
L'abbé Robert Pourbaix, personnalité marquante du quartier des Carrés, est décédé à l'hôpital de Jolimont jeudi
BOIS-DU-LUC Les Carrés de Bois-du-Luc ont l'âme en peine. L'abbé Robert Pourbaix est décédé jeudi soir, à l'âge de 70 ans, à l'hôpital de Jolimont, des suites d'une intervention chirurgicale importante. Le personnage était une sommité dans ce quatier d'Houdeng, pour lequel il s'est battu avec passion pendant sa vie entière. "Il a passé sa jeunesse au Patro à Houdeng-Goegnies. Il en est devenu dirigeant ensuite, raconte son ami et médecin personnel, Pippo Maggiordomo. Enseignant jusqu'il y a cinq ans, l'abbé Pourbaix a passé toute sa carrière à l'Institut Saint-Joseph de La Louvière, où il donnait cours de musique, de français, d'histoire et de religion. "
Entré au séminaire, Robert Pourbaix fut affecté à la paroisse de Boisdu-Luc. Cest là qu'il commença à oeuvrer dans les années septante. Très présent et actif, il sera à l'origine du premier comité de quatier de la région du Centre, constitué à la fermeture du dernier charbonnage de Bois-du-Luc, le puits du Quesnoy, en 1973. Il contribua à sauver les maisons et les Carrés de Bois-du-Luc. Il créera ensuite le groupe d'animation culturel de Bois-du-Luc, le GABOS et mettra sur pied le Musée de la mine, dans l'enceinte de l'écomusée.
"Très actif au niveau des écoles libres, de Vie Féminine, de l'ONE, de tout ce qui était associatif, l'abbé Pourbaix a considérablement marqué Bois-du-Luc, ajoute P. Maggiordomo. Il était un peu l'âme du quartier. Connu de tout le monde, c'était un homme foncièrement bon, il donnait sans compter et restait très discret, se donnait à 100% pour les autres Je l'ai connu quand je suis arrivé ici, à l'âge de 13 ans. "
Malade depuis quelques mois, l'abbé est entré en clinique lundi à
midi. Dimanche, il célébrait encore la messe. "Nous voulons axer
cette mort non pas sur la tristesse, mais sur ce qu'il a pu réussir.
Nous allons tenter de maintenir le maximum de ce qu'il a lancé. Une
veillée de priére est prévue lundi à 19 h. Ses funérailles auront lieu
mardi en l'église de Bois-du-Luc."
@) La Dernière Heure 2005
F. Sc
ELEMENTS GENEALOGIQUES
D'après notre nomenclature, Robert Pourbaix porte le numéro 2341267442. Il est donc de la neuvière génération de son aïeul Auger Pourbaix, co-fondateur du Charbonnage de Bois-du-Luc (1685), né en ca 1656.
Ces trois générations n'étaient pas des charbonniers; ce sont des gens du chemin de fer
etc. jusque Auger et toutes ces générations étaient des charbonniers ou des maîtres charbonniers ou mâitres des fosses.
Voici l'annonce de la mort de son arrière-grand mère Borremans, qu'il a connue et dont il m'a parlé plusieurs fois
Sans doute le journal "Le Centre", 1939
faire-part de la famille
photographie accompagnant le faire-part, d'origine inconnue. Merci au photographe.
Cet article n'engage que son auteur. N'hésitez pas à le contacter.
Christian Goens - La Louvière - Belgium 24 février 2005 - tous droits réservés