Pratiquer la généalogie consiste à étudier les liens qui unissent, de loin en loin, les individus d'une famille ou de plusieurs familles. L'un est le fils d'un tel et d'une telle. Eux-mêmes sont un des enfants de leurs propres parents, ils ont des cousins, des grands-parents, etc. Cette partie de l'étude est l'ossature, la partie visible si pas officielle des familles.

La généalogie est une technique, une branche annexe de l'histoire.

Elle n'est rien lorsqu'elle est étudiée hors contexte, lorsqu'elle

est mise en œuvre pour elle même. Elle n'est en fait que le support

d'une information, un vecteur de recherche qui tend à établir

l'Histoire, laquelle est composée de la succession des actions

des différents acteurs de celle-ci.

Il existe donc des faits relatifs à une famille qui transcendent celle-ci, qui la magnifient, qui la mettent en exergue. Certains de ses composants ont eu une influence plus ou moins profonde sur les destinées d'une ville, d'un pays, sur la vie économique ou sociale de dizaines, voire de milliers d'individus. Sitôt que l'on peut s'apercevoir qu'un individu sort du commun, le généalogiste s'en saisit et en fera ses choux gras en essayant de percevoir et de faire percevoir s'il écrit, quelle est l'influence déterministe qui a conduit l'individu remarquable dans sa démarche.

L'individu remarquable en question peut être un escroc, un génie du mal. Qu'importe! Il peut être un savant, émettant des idées extraordinaires, possédant des circonvolutions cérébrales de poids fort. Qu'importe! Il peut être un artiste ou un exploitant agricole de valeur. Il peut faire face à un labeur quotidien assommant ou pénible et il l'honorera toute une vie. Ils participent tous à leur façon, sans doute comme vous et moi, au quotidien économique, politique ou social qui font que nous sommes organisés depuis des lustres en communautés urbaines ou villageoises, en états ou en cités. Chacun à un rôle à jouer.

Mais ce rôle est plus ou moins important si l'on s'en réfère à certains canons. La plupart se contentent sans doute de naître, de procréer, de mourir sans autre forme de procès, comme son père, son grand-père, son bisaïeul, etc. C'est sans doute suffisant pour franchir des siècles. Mais pas assez pour gagner des guerres ou devenir riche. Pour figurer au dictionnaire ou être statufié.

Il faut savoir que pour établir une ou des généalogies, c'est l'affaire de dizaines d'années de recherche. Et, après présentation, vous en aurez encore qui critiqueront. On dira: "Voilà une généalogie comme il y en a des dizaines, présentée avec une vision restreinte, avec peu de renseignements autres que spatio-temporels", à peine quelques milliers alors que l'on présente plus de dix mille personnages. On dira: "Pourquoi s'esquinter sur cette famille qui n'a pas de bien, qui ne vient pas de la cuisse de Jupiter, qui est restée bêtement sur la même sphère pendant cinq cents ans?". On dira subrepticement: "Regardez ma famille, elle vient de loin, elle est composée de gens qui étaient notoires et qui avaient du bien, c'est plus intéressant". Pourquoi perdre votre temps avec des manants qui n'étaient rien, qui n'ont pas d'histoire, qui n'ont pas de tradition, qui n'ont pas de papiers de famille, qui n'ont pas de château en Italie où ailleurs? Qui n'ont pas de peintures accrochées dans telle ou telle galerie? Qui n'ont pas de monuments funéraires remarquables? "Vraiment, la généalogie d'aujourd'hui est la même qu'hier, banale, sans référence, ennuyeuse, inutile!".
Peut-on vraiment dire cette vérité auquel la plupart n'échappent pas? Lorsque l'on est une sorte de pontife, de gourou, n'est-ce pas dangereux? Tient-on compte de tous les éléments? Non, certes, on mesure ses mots. Ne risque-t-on pas de casser quelque chose, de briser une carrière, d'enlever des espoirs? Normalement, entre généalogistes, on se serre les coudes: on mesure, on suppute, on étudie sérieusement, on cherche de nouvelles argumentations, on donne des indications, on conseille, on aide. Sauf certain,

Etablir une généalogie est donc difficile et long, car on attend de vous que vous produisiez des travaux qui vont au-delà de la décoction d'ancêtres, qui donne ses anecdotes et ses états de biens.
Après quelques trente années d'études diverses qui conduisent invariablement à des considérations autres que la généalogie pure, le généalogiste revoit ses travaux, non pas en fonction directe des critiques qu'il a reçues, mais en fonction de sa propre évolution intellectuelle, de son ambition, de son perfectionnisme, de sa patience. Il va peaufiner, il va revoir, il va relire, il va tâcher de prouver. Il va banaliser les critiques reçues et balayer les remarques peu amènes des gens qui n'ont pas la même optique intellectuelle, qui n'ont pas de sang-froid.

Pratiquer la généalogie à titre professionnel ou à titre privé est toujours une affaire de patience. Il existe des cas où un renseignement nous est parvenu après vingt ans de recherche. Ou vingt ans d'attente passive. Il faut évidemment faire autre chose durant cette attente. Mille informations à noter, à classer, à mettre en œuvre.
Car il faut communiquer vos résultats, c'est important car cette démarche vous oblige à opérer des synthèses, à mettre vos notes au propre. Que de travaux importants n'ont-ils pas été perdus parce que non publiés? La plupart des notes "brouillon" et manuscrits ne passent pas le cap des héritages. Comme bon nombre de photographies sans date et sans nom.
Au delà de la recherche existe donc encore ce pas à franchir, qui demandera beaucoup de temps: écrire.

La recherche est évidemment la partie la plus importante, voire la plus intéressante de la démarche généalogique: elle est basée sur le recueil des renseignements qui concernent les naissances, les mariages, les décès des personnages envisagés. Selon le système archivistique ou familial envisagé, ces renseignements seront plus ou moins précis ou officiels, officiel ne signifiant pas toujours nécessairement plus juste, mais est la couverture derrière laquelle le chercheur peut se réfugier.
Au delà des trois actes d'état civil relatés plus haut, il existe évidemment une très grande variété d'autres situations enregistrées par un moyen quelconque. Nous ne les citons pas tous car on en relèverait facilement plusieurs centaines. On pense aux actes notariaux d'une manière particulière car ils tendent à donner certaines bornes ponctuelles de la situation économique non seulement d'un personnage mais souvent de toute sa famille. Précieux: les inventaires après décès, les testaments et les successions mais sujets à caution car un testament n'est jamais nécessairement le dernier et celui qui servira de base au partage. Les successions ne reflètent pas nécessairement toujours la réalité pécuniaire d'un décédé.

NAISSANCE correspondra pendant l'ancien régime à baptême pour les familles rattachées au culte catholique romain. Nous n'entrerons pas dans le détail des enregistrements équivalents pour les ressortissants d'autres religions (protestants et juifs). Les naissances-baptêmes seront tout aussi importantes lorsqu'il s'agit du personnage considéré ou de ses enfants. Le nom de la mère est (presque) toujours cité. Le père n'est jamais que le droit. Dans le cas d'un enfant naturel, le grand-père sera souvent cité.

 

MARIAGE: sous cette rubrique, précisons qu'un personnage peut s'être marié plusieurs fois, ce qui majore ou complète souvent les informations. Associé à cette situation, les noces d'argent, d'or, etc. connues souvent comme photo de famille ou diplôme d'honneur ou menu de repas. Associé également, les actes ou notification de divorce. Associé, les bans de mariage et les fameuses pièces annexes, si précieuses, tant à l'époque moderne qu'à l'époque de l'ancien régime, notamment pour les dispenses traitées par l'archevêché ou Rome. Associé, les contrats de mariage, testaments conjonctifs ou avis de père et de mère.

 

DECES: sous l'ancien régime, sera associé à inhumation. Sous l'empire de l'administration moderne, c'est l'acte le plus important même s'il ne propose pas toujours les renseignements que l'on est en droit d'attendre. Pendant l'ancien régime, il est souvent décevant et l'âge du décédé, souvent donné, est toujours sujet à caution (estimation des déclarants).

 

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mise à jour 01/01/2004