HOUDENG, ORIGINE DES POURBAIX ?

Armes du village de Houdeng (Albums de Croÿ)

L'état actuel de notre connaissance de cette famille ne nous permet pas d'affirmer certes que Houdeng soit l'origine de toutes les souches connues des Pourbaix. Avant d'examiner de façon plus approfondie la question, essayons-nous à l'étude rapide de ce qu'il en est dans les autres villes du Hainaut central.

Comme nous avons pu le constater, on observe la trace d'activités patentes à Mons, de la famille des architectes Grégoire Pourbaix, Wattier son frère et le fils de ce dernier, Jacquemart. Ceci dans la seconde moitié du XV ème siècle. Leur formation peut avoir été acquise sur place ou dans une autre grande ville; ils s'en sont allés de toute façon et nous ne connaissons aucune suite à l'histoire de ces gens. Dans les registres paroissiaux de Mons, pourtant très anciens, les Pourbaix n'apparaissent qu'au XVII ème siècle; ultérieurement, ils en disparaissent également sans laisser non plus de traces. Si la Réforme n'est pas étrangère à ces disparitions, vu l'emploi des registres paroissiaux de l'église catholique romaine comme support principal des recherches, le manque total de continuité nous incite à penser, soit au nomadisme des familles, soit au fait qu'elles sont tombées en quenouille.

Au niveau de Marche et de Braine-le-Comte, on observe un phénomène semblable. Les souches de Vellereille-les-Brayeux et d'Estinnes n'apparaissent qu'au milieu du XVII ème siècle. Elles sont de toute évidence déjà des souches secondaires, parce que trop tardives.

Le continuum de persistance le plus long n'a encore pu être observé qu'en Houdeng. Quoique nous ne possédions que des archives exploitables relativement tardives sur Houdeng (1507), nous pouvons constater directement la présence de plusieurs familles Pourbaix y installées; des gens nés vers les années 1450, à l'époque où Nicolas Rollin, Grand Chancelier du Duc de Bourgogne achetait à Jacques de Gaesbeck la seigneurie de Houdeng (future juridiction d'Aymeries) et où la maison de Croy venait d'acquérir la seigneurie de Goegnies.

C'est déjà une vieille histoire mais il eut été du plus grand intérêt de voir commencer cette saga des Pourbaix du temps de Jehan de Froissart, soit un demi siècle après que "Gilles, dit Rigaus, seigneur du Roeulx, etc. " accordait le premier octroi d'extraction du charbon connu en Houdeng (1299).

Armoiries d'Houdeng-Aimeries. Armorial officiel de Belgique. 6 février 1913

Un ange émergeant derrière deux écus géminés. Le premier écu (qui est Rolin) écartelé aux un et quatre à trois clefs, aux deux et trois, à une bande chargée de trois lions et accompagnée de deux fleurs de lys.Le second écu porte un aigle tourné à dextre (qui est Walcourt).

 

 

 

Au moins depuis cette époque, il est certain qu'une part de la population de Houdeng et de Goegnies eut une activité agraire, mais aussi charbonnière, celle-ci d'une façon sporadique ou saisonnière. Les Pourbaix, mais cela n'est pas démontré, sont de ceux-là. Une sorte de tradition familiale qui fut transmise au plus célèbre des charbonniers: Auger Pourbaix. Ce dernier, s'il commença une entreprise dont le projet lui-même était hasardeux vu qu'il fut élaboré à l'époque trouble de la fin du régime espagnol dans nos provinces, ce dernier donc n'était âgé que d'environ vingt-neuf ans en 1685 et il affichait cependant déjà une expérience sur l'art de l'extraction. Or, cet art et ce projet, il ne les a pas improvisés. Ses collègues non plus. Le projet ne fut qu'une sorte de perfectionnement de leurs anciennes exploitations, bien qu'on ne possède pas de pièces prouvant l'octroi par des seigneurs haut-justiciers en ce qui concerne la période située juste avant 1685, sauf pour Charles SIMON (A.E. Mons, archives ecclésiastiques, abbaye de Bonne-Espérance, dossier 5430, bail à ferme du 26 mars 1675). Encore que cela ne signifie pas que ces pièces soient inexistantes vu le grand nombre de fiefs et d'arrières-fiefs dont étaient composés les territoires de St-Vaast, Houdeng, Goegnies et Le Roeulx; et les archives privées des familles de Croy, Rollin, le Danois, du Sart, de Potte, de la Puissance et les abbayes d'Aulnes, de St Denis, de Bonne-Espérance et de St-Feuillien sans compter les Etats, doivent contenir des indications à ce sujet.

Mais les limites de la compétence de la présente étude n'ont pas été dépassées. Nous nous en sommes tenus aux fonds d'archives les plus élémentaires, celles des abbayes de Notre-Dame de Bonne-Espérance (Vellereille-les-Brayeux) et de St-Feuillien (du Roeulx), où nous avons pu recueillir les quelques éléments qui vont suivre.

En ce qui concerne Houdeng et Goegnies, ces deux abbayes nous laissent une sorte de fond commun. En effet, ces deux institutions ecclésiastiques possédaient dans les deux villages, des biens qui étaient administrés en commun, en alliance d'ailleurs avec un autre petit fief appartenant à un seigneur. Ces trois seigneuries foncières sont appelées les communs seigneurs. Ils en touchaient des revenus en proportion de leur part. Malheureusement, les pièces les plus anciennes sont datées de 1507 seulement.

Grâce au manuscrit Barbiot (A.E. Mons, manuscrit BARBIOT, n° 308), nous possédons une vue d'ensemble sur l'établissement des familles dans le comté pour le milieu du seizième siècle. Ces données confirment la représentation exclusive des Pourbaix dans la région du Roeulx. Ainsi, (dénombrement des habitants en 1539), aucun Pourbaix n'est cité de toute la prévôté de Binche, c'est-à-dire tous les villages au sud et y compris Villers-St-Ghislain, Bray, Péronnes, Haine-St-Pierre, Fayt, La Hestre, vers la frontière française actuelle et y compris Boussoit, Strépy et Trivières, enclavés. Donc, pas encore de Pourbaix à cette époque ni aux Estinnes, ni à Vellereille-les-Brayeux, ni à Piéton, ni à Binche etc. Ni dans la population classée dans les laboureurs, ni dans celle des louagiers aisés, ni dans celle des "povres".

Cependant que l'on observe au Bailliage du Roeulx à peu près au même moment (1540- Dénombrement des feux et cheminées, op.ct.) et uniquement en Houdeng et Goegnies: comme louagiers et héritiers aisés: les hoirs Jehan de Pourbaix, Colart de Pourbaix; et à Houdeng, justice d'Aymeries: comme laboureur: Anthoine de Pourbaix; comme louagier et héritier aisé: Pierart de Pourbaix.

Aucun Pourbaix n'est cité comme "povre" et on pourrait même aller jusqu'à prétendre, puisque dans une certaine mesure, ces références confirment celles trouvées dans les archives des abbayes, qu'il n'existait encore au seizième siècle en Houdeng, que quatre Pourbaix en chefferie, en tout et pour tout. Ils seraient à l'origine de nos familles.

A remarquer, au surplus, qu'une seule famille possédait du bien en propre: celle d'Anthoine de Pourbaix - laboureur. Etait qualifié de laboureur, en opposition à louagier aisé et héritier, celui qui possédait sa terre. Or (op.ct.), dans les cahiers de répartitions d'impôts d'octobre 1555 (biens immeubles et rentes viagères), sont cités pour la prévôté de Mons, village de Houdeng-Aimeries: Jean et Piere de Pourbaix, Anthoine de Pourbaix (avec la signature de Jean Pourbaix qui est sans doute le premier, cité échevin sinon maïeur). Ils sont donc les seuls possédants fonciers et forment la famille citée plus avant: celle de Anthoine de Pourbaix; on en conclu que Jean et Pier sont ses enfants. Nous savons du même coup que dans le Bailliage du Roeulx, il n'y avait qu'un seul Anthoine de Pourbaix "notoire". On est enclin à penser que c'est le même individu qui est cité comme homme de fief d'Hainaut agissant particulièrement pour le compte de l'abbaye de St-Feuillien et que c'est toujours le même individu qui nous a laissé son sceau au chevron.

Resterait évidemment à établir une liaison avec ces "anciens" et les familles que nous connaissons de façon filiative.

En ce qui concerne la région du Centre, un certain nombre de communes considérées ne faisaient pas partie de la population relative aux dénombrements que nous avons évoqués plus avant: c'est le cas de la Châtellenie de Braine-le-Comte et la partie sud du Duché de Brabant qui descendait jusque Familleureux. Tant que les archives équivalentes n'ont pas été étudiées, on ne peut considérer cette phase de l'étude comme étant achevée.

Mais que ces familles des de Pourbaix ou de Pourbaix dit Clerden de Houdeng soient les aïeux de tous les Pourbaix actuels se prévalant de descendre d'une des souches de Houdeng (Auger, Antoine, Jean, Jean Joseph, Amand), cela ne fait aucun doute. Quant aux autres souches, celles de Havré, de Ronquières, de Veillereille-les-Brayeux, d'Estinnes, leurs origines sont encore à déterminer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

haut de page

Christian Goens - La Louvière - Belgium- avril 2005 - tous droits réservés