L'AVENTURE ORIENTALE DES SPLINGAERD-POURBAIX

Les ressortissants POURBAIX dont il sera question dans ces pages sont issus de la branche ancestrale dite de Bartholomé

POURBAIX Adolphe, instituteur à Thulin (33315A)

Voici ce qu'en dit Philippe RINCHON dans sa monographie sur Thulin: (voir ref: 39, p.75.)

"Ce n'est pas sans un souvenir ému que je me remémore mon ancien instituteur: Mr Adolphe Pourbaix, qui fut parfois de longues années seul, le recrutement des sous-instituteurs était difficile vers la moitié du dix-neuvième siècle (parce que mal payé), et, avec une marmaille turbulente et espiègle au superlatif. Malgré cette insuffisance, et seul avec plus de cent élèves, il a formé des hommes. C'est vers la cinquantaine et par comparaison que j'ai pu apprécier que son système éducatif était supérieur: dictées et analyses logiques et grammaticales fréquentes pour l'orthographe, les traités expliqués et augmentés de RAINGO pour la géographie......Mr Pourbaix nous astreignait à de nombreux exercices de mesurage et d'arpentage et ne nous mâchait pas...."

POURBAIX Paul, ingénieur (33315A11)

Cet homme peu ordinaire est à l'origine de la destinée particulière de cette famille Pourbaix.

Voici ce que l'on trouve également à son sujet dans la monographie citée précédemment, dans le chapitre consacré aux Thulinois dans les pays d'outre-mer (voir ref: 39, p.311).

"Empire chinois: en 1903, Pourbaix Paul, petit-fils de notre estimé et ancien instituteur en chef, Pourbaix Adolphe, après avoir conquis son diplôme de comptable à l'Institut Commercial des Industriels du Hainaut à Mons, fut engagé par la Société Franco-Belge du Chemin de Fer de Hon-Kow (Fleuve Bleu) et s'embarqua le 15 septembre 1903. En 1905, il fut promu à un poste plus élevé, à Pékin, et rentra au pays en mars 1908. Après un repos bien mérité auprès de sa famille, Madame veuve Louis Pourbaix, née CATTIER, notre estimée et ancienne institutrice pensionnée, il est derechef retourné dans l'Empire du Milieu, le 2 juillet 1908, cette fois comme chef de service de la traction des chemins de fer...."

En 1903, la Chine, c'est 377 fois la superficie de la Belgique et la population y est soixante fois plus élevée que la nôtre (à l'époque). On s'y rend en bateau ou en train, par le Transsibérien. Il faut au moins 30 jours pour arriver à Shangaï, dans l'estuaire du Fleuve Bleu, le Yang-Tze-Kiang. Il existe à TIENTSIN (Aujourd'hui TIANJIN), depuis le 6 février 1902 une concession belge pour la location à perpétuité d'un terrain où sont installées nos légations, maisons, églises etc. le long du fleuve, de 1200 mètres de large sur 450 mètres de profondeur (La concession belge fut rétrocédée à la République de Chine en 1931).

Pékin est la ville impériale. S'y sont succédés depuis un demi-siècle, les derniers représentants de la dynastie mandchoue: de 1850 à 1861 HIEN FOUNG, le mari de TSEU-HI (ou TS'EU-HI ou CiXi), puis leur fils TOUNG TCHE, de 1861 à 1875. La douairière fait proclamer son neveu TSAI TIEN empereur, qui prend le nom de KOUANG SIU et qui régnera jusqu'en 1908 sous la coupe de sa tante. A sa mort, toujours influente, TSEU-HI proclamera POU YI (PUYI ou P'OU-YI) enfant adoptif de son fils TOUNG TCHE. C'est celui que nous connaissons le mieux: POU YI sera le dernier empereur de la dynastie manchoue des Qing. Empereur de fantaisie, destin extraordinairement tragique popularisé par le cinéma (Bertoluchi). La dynastie s'écroulera en 1911 lors d'une révolution voulue par la nouvelle génération formée à l'occidentale.

Le roi Léopold II avait depuis toujours, porté ses regards vers la Chine. Suite à une rencontre avec le vice-roi LI HUNG TCHANG en 1896, en visite en Belgique et l'action du baron de VINCK en Chine même, les Belges obtinrent le contrat de la construction et de l'exploitation de la ligne de chemin de fer PEKIN-HANKOW (ou HANKéOU ou HANKOU), en partie financé par la Belgique et de l'autre par les Chinois. Cette concession fut rachetée par ces derniers dès 1908. Léopold souhaita que l'opération soit menée par un personnage exceptionnel et il le fut: celui-ci débarqua à Shangaï le 22 décembre 1898. Il s'appelle Jean JADOT. Il se met au travail. Mais il existe un problème de main-d'œuvre: les ouvriers ne sont pas qualifiés et il faut les former et les encadrer par beaucoup d'Européens. Les travaux commencèrent mais, dès 1900, ils furent contrariés par la révolte dite des Boxers. Cela n'empêcha pas qu'en septembre 1905, le PEKIN-HANKOW était terminé. C'est l'époque de l'impératrice TSEU-HI qui soutint probablement, dans l'ombre, la révolte des Boxers mais suite à l'intervention des corps expéditionnaires européens, l'impératrice est obligée de traiter avec les Occidentaux: c'est le départ d'un essor économique important où la part des Belges ne fut pas négligeable.

 

SPLINGAERD Paul, mandarin, général d'Empire....chinois

Il n'est pas coutume, vu la destination du site, de présenter un trait biographique relatif à une partie de l'ascendance d'une des familles Pourbaix. Nous ferons exception pour Paul SPLINGAERD en raison de la célébrité du personnage, haut en couleur, qui est l'aïeul de Paul Pourbaix (° 1941) et de ses enfants.

La grande aventure orientale de cette famille commence lorsqu'un jeune Flamand de la région de Wavre, Paul., né le 12 avril 1842, part en Chine, en 1865, comme assistant de Théophile VERBIST, qu'il a rencontré à la fin de son service militaire, et qui vient de fonder la Congrégation des Missions de Scheut (1865-1868). Il est âgé de 23 ans et celui qui allait devenir un grand voyageur est d'origine modeste, issu d'une famille originaire de Loverval. En moins d'une année, il parle chinois; il maniera ultérieurement plus ou moins bien l'allemand, le mongol, le turc et le russe. Son nom chinois est LIN FUCHEN. Littéralement, LIN signifie 'forêt'. Le mandarin était roux et ce devait être une chose très rare en Mongolie inférieure!

A la mort du père Verbist en 1868, il passe au service du baron von RICHTHOFEN, de la délégation allemande à Pékin (1868-1872).

Il poursuit sa carrière en faisant du commerce avec la Mongolie pour une société britannique de Shanghai mais ne réussi pas à s'imposer véritablement dans les affaires. Il se faisait, en outre, voler par ses employés.

Le 28 janvier 1873, Paul épouse une jeune mandchoue chrétienne de la maison de la Sainte Enfance de EUL-CHE-SAN-HAO (EUL SHEY SAN HAO), Catherine LI qui lui donnera au moins 13 enfants. Elle était de la famille TCHAO, née en 1846, elle est décédée à Tientsin le 20/09/1918. En 1881, il est nommé mandarin (fonctionnaire) officier des Douanes de l'empire à SOU TCHEOU (SUCHOW), par le grand ministre et vice-roi LI-HUNG-TCHANG dont il est devenu l'homme de confiance; c'est une ville près du Turkestan, à 2000 Km de la côte.

En 1892, il expédie ses 9 filles (Sa fille Suzanne, née en 1878 est décédé à Shanghaï du choléra en 1895 et Maria est née et décédée en 1882) et ses trois garçons à Shanghaï chez les Dames Auxiliatrices et les Frères Maristes, pour que l'on s'occupe de leur éducation. Pour se rapprocher des siens (il fallait environ trois mois de voyage pour revenir sur la côte), on lui trouve un emploi de directeur aux charbonnages de Kaïping, près de TIENTSIN. En 1897, il sert d'interprète durant les premières négociations entre le gouvernement chinois et les délégations belges en vue de la construction de la ligne de chemin de fer PEKIN-HANKOW. Quatre de ses filles entrent dans la congrégation des Dames Auxiliatrices: elles deviendront Mère Saint Jérôme, qui s'occupera de la fabrication de broderies à SI-KA-WEI, Mère Sainte Rose et Mère Sainte Marie enseigneront la littérature européenne dans un institut pour jeunes filles chinoises. Quant aux garçons, l'aîné sera interprète à la légation de Belgique à Pékin, le second travaillera aux charbonnages de KAIPING où il y avait 5000 ouvriers, le troisième fera ses études à l'Institut St-Boniface à Bruxelles. Il revint en Chine en 1907.

En 1900, c'est la tourmente des Boxers qui sèment mort et désolation en Chine. Paul participe à la mission belge Fivé et lutte contre les bandits chinois. Nommé général de brigade par le gouvernement de Pékin, Paul SPLINGAERD, muni des pleins pouvoirs judiciaires, sillonne la Mongolie centrale et celle du sud-ouest, avec comme mission particulière de récupérer, par menace ou négociation, les jeunes filles enlevées par les bandits chinois. Fin 1905, il persuade le vice-roi PENG de LANCHOW-FOU (Lanzhou - Gansu) d'utiliser des ingénieurs belges et est missionné pour se rendre en Belgique afin d'en ramener. A cette occasion, il essaye de voir le roi Léopold II, mais ce dernier refusera de le recevoir à cause des rapports peu amènes de Fivé dont la mission en Mongolie avait été un fiasco. Revenu la même année en Chine avec les spécialistes, il décède à SI-NGAN-FOU (XIAN) le 26 septembre 1906, probablement d'un coma diabétique. Son fils Alphonse venu le rejoindre pour son agonie ramènera le corps du général à Pékin. Une de ses filles, Pauline, épousera à LANCHOW FOU (province de KANSOU (GANSOU), aujourd'hui Lanzhou), l'ingénieur verviétois MULLER revenu avec son père de Belgique et, en 1907, Alphonse SPLINGAERD et sa famille les y rejoint........

Ceci dit pour brosser une certaine situation. Mais les Pourbaix ??

Mary SPLINGAERD est née le 15/01/1915, de Remy Xavier François SPLINGAERD, second fils du mandarin et d'Anna Zhang, d'une famille mandchoue aisée qui détenait de vastes plantations de tabac au Kansou. Quant à l'ingénieur Paul Pourbaix senior, il se trouva au Japon suite à ses missions d'attaché commercial. Son oncle, Félicien CATTIER était vice-gouverneur de la Société Générale qui eut une large participation dans les investissements orientaux en matière de mines et de chemins de fer. Il épousa HAYASHIDA Sano qui était née à YAGAMI (Japon); elle lui donna cinq enfants, dont Lucien, né à PEKIN en 1915, c'est-à-dire la même année que Marie Splingaerd.

Ils se rencontrent: c'est la jonction entre les POURBAIX et les SPLINGAERD. Etrange rencontre au bout du monde de la famille issue d'un aventurier flamand génial, d'origine caroloringienne, allié à une mandchoue et la famille d'un Belge né à Pékin de la rencontre d'un hennuyer avec une Japonaise.

Dans la ville de TIENTSIN leur est né Paul Joseph Michel, en pleine guerre, en 1941. Quant à l'ingénieur-comptable Paul Pourbaix, il est décédé dans dans un hôpital à Kobe le 14 janvier 1945 après son internement dans un camp japonais, à Nagasaki (où la bombe atomique éclata le 9 août). Il avait reçu de Victor-Emmanuel III, roi d'Italie (1900-1946) un brevet de baron qui est conservé dans la famille. Chassés par l'avance des troupes de MAO-TSE-TOUNG, Lucien et sa famille quittent le continent pour s'installer au Japon où ils avaient des biens, en 1949. Ils y restèrent 7 ans et revinrent en Europe en 1956. Agent d'affaires et administrateur de sociétés, il s'installe à Bruxelles et y décède en 1991. Son fils Paul, héritier des dispositions linguistiques et aventureuses des Splingaerd et des Pourbaix, agent d'affaires international et artiste-peintre de réputation mondiale, voyage sans relâche depuis trente ans, d'Europe en Amérique, d'Europe en Asie où sa connaissance du mandarin, du japonais, de l'anglais, du français etc. en fait un personnage étonnant. Il se marie avec une de ROYER de DOUR de FRAULA et par-là, ses enfants descendent des plus grandes familles européennes par leur ascendance RIBEAUCOURT, de MERODE, etc. Ils sont ainsi les extraordinaires descendants de l'aristocratie européenne tout en étant eurasions. Telle est l'étonnante destinée de cette famille. Paul Pourbaix sr est décédé à Paris en 2006. Il était connu comme étant 'le baron'.

 

 

LE GENERAL

 

Partie d'un laissez-passer délivré à Paul Splingaert où l'on distingue bien son nom chinois (souligné)

  vous pouvez obtenir de la documentation supplémentaire sur Paul Splingaerd en cliquant ici mandarijn Splingaerd

NECROLOGIE DE LUCIEN POURBAIX, époux de sa petite-fille (33315A111) (Pékin 1915 - Bruxelles 1991)

 

Christian GOENS - LA LOUVIERE - Belgium - mars 2002 - février/août 2007