LES POURBAIX ET LES CHARBONNAGES

 

Le nom de Auger Pourbaix est, dans la région de La Louvière, intimement lié avec celui du charbonnage de Bois-du-Luc. Les familles porteuses du nom connaissant par tradition patronymique qu'elles descendent d'Auger le savent bien; elles ont souvent des documents du genre coupures de journaux, publications de sociétés savantes ou autre monographies sous la main pour vous prouver qu'elles se sont penchées sur la question.

Cependant, pour l'étranger qui passe dans la région et qui est ignorant de l'histoire locale s'il n'a pas un peu bouquiné, ce n'est qu'au hasard d'une promenade, en arrivant devant l'ancien siège du charbonnage de Bois-du-Luc en Houdeng, qu'il découvrira le seul témoin, aujourd'hui préservé, de l'étroite symbiose entre le personnage et le charbonnage. La pierre conserve sa mémoire sur la façade frontale des bâtiments principaux; six témoins lapidaires des six co-créateurs originaux de la société primitive: NAVARE, BLANQUET, LEGOEULE, BLAREAU, CAUPAIN et POURBAIX. (1- les références bibliographiques que nous donnons sont à voir à la rubrique "Bibliographie" dans le volet gauche du portail d'entrée du site)

Ces familles Pourbaix, où l'on a été charbonnier pendant 250 ans, sont fières de leur parent ...ou de leur homonyme. Encore faut-il prouver que l'on descend de lui! Ces textes vont les y aider.

Au lecteur qui, au fil des lignes, vient de découvrir qu'il descend d'Auger Pourbaix, aidons-le à comprendre en quoi ce personnage cristallise si bien le charbonnage dans l'esprit populaire.

Lors de la création de ce dernier, il n'était pas le partenaire le plus important, seulement une pièce de l'engrenage, peut-être le moteur. Mais ses successeurs ont occupé des postes notoires et ont continué indirectement son oeuvre. Des centaines de ses descendants, magnifiques, pauvres et sales, ont perpétué la tradition du mineur qu'il était.

Peut-on résumer l'histoire de ce charbonnage en un volumineux livre ? Sans doute. En dix lignes, c'est plus malaisé. L'ambition de ces pages n'est pas à proprement parler l'histoire du charbonnage. Au milieu de la masse les ancêtres et de la population des Pourbaix, nous ne voulons pas privilégier outre mesure la branche d'Auger. Voyons rapidement ce que l'on pourrait en dire, en quelques mots.

Malgré l'époque et l'endroit, économiquement exsangue du fait des guerres que Louis XIV menait dans nos régions, une société de parts fut constituée à la fin du dix-septième siècle, ayant pour objet la construction et l'exploitation d'un ouvrage technique destiné à évacuer les eaux issues des travaux effectués dans des concessions houillères locales. En fait, le charbon y était extrait depuis le XIII ème siècle, mais toujours à la petite semaine. Une société à statuts était un fait nouveau. Les origines sociales des partenaires signataires l'étaient également. Sept personnages, puis six, techniciens, financiers et juristes, se lancèrent dans cette entreprise qui mit près de trente années avant de porter des fruits. On n'aurait certes pas tant de patience aujourd'hui ! Auger Pourbaix, puis ses enfants en étaient. Malgré des démêlés avec le seigneur local, le DANOIS de NEUCHATEL, véritable promoteur de l'affaire, descendant du grand chancelier du Duc de Bourgogne (par les femmes) (2), grand Maréchal héréditaire du Hainaut, et qui possédait par substitution 4/10 ème de l'avoir social, la société primitive du "Charbonnage du grand Conduit" se transforma peu à peu en charbonnage du Bois-du-Luc, dès l'époque où les sites se déplacèrent vers un petit bois du même nom, de nombreux puits ayant été ouverts plus vers le sud-est du village. Primitivement, ils se trouvaient groupés le long du Thiriau du Sart, à Bignault et Génival.

Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, le conduit d'évacuation des eaux et celui qui fut créé ensuite se révélant insuffisants, des machines d'exhaure à feux furent installées. Sous l'impératrice Marie Thérèse, des routes furent créées dans la région et d'une manière générale l'infrastructure de transport. Sous l'Empire, à l'époque où les seigneurs locaux perdirent leurs droits terriens, la société, après plus de cent ans, était devenue puissante. Une part comme celle d'Auger valait à cette époque 10.000 francs-or. Mais elle était divisée en milliers de petites parties vers la multitude de ses héritiers et descendants. D'autres quotités avaient par ailleurs été vendues. Dans les décennies qui suivirent, la société reprit les concessions d'autres charbonnages et construisit son infrastructure sociale: hospice, hôpital et habitations sociales destinées à ses ouvriers, personnel de cadre et employés. Les monuments de l'histoire extraordinaire de ce charbonnage existent encore aujourd'hui et valent la peine d'une promenade en Houdeng.

La société a cessé ses activités en 1973, suite à la récession de l'industrie du charbon. Elle a cédé une grande partie de ses archives aux dépôts de l'Etat où on peut les consulter.

Nous venons de fêter son tricentenaire et une recrudescence d'intérêt pour son histoire est apparu au niveau régional. Mais, de toute manière, depuis près d'un siècle, son passé avait déjà attiré l'attention des érudits locaux. Nous engageons le lecteur intéressé à consulter la bibliographie à ce sujet.

Sur le plan économico-historique, il faut savoir que la société du Grand Conduit de Houdeng fut une des premières sociétés par actions d'Europe. Et qu'elle a duré presque jusqu'à nos jours, ayant joui d'une plus longue vie que d'autres sociétés mieux connues, comme la Compagnie des Indes.

Les héritiers d'Auger Pourbaix ont fait des alliances avec les maîtres charbonniers créateurs des charbonnages de la région. Qui est charbonnier descend d'Auger. Mais également si l'on descend des ROLAND, des PAREE, des FIEVET, des THIRIAR, des RIPOTEAU, des BOURG, des ANDRE etc., on descend d'Auger aussi sûrement que ses fils descendaient dans les puits à l'âge de neuf ans.

Triste époque de création. Pourtant, lui et ses compères étaient en train de créer La Louvière, indirectement, appelant inconsciemment vers eux ceux qui les imitèrent et créèrent notre gloire, les THIRIAR, les BOEL, les BOCH, les MAIRAUX, les WAROQUEZ, pardonnez-moi, j'en oublie, industriels, artisans, spéculateurs ou artistes de tout poil qui organisèrent notre présent dans le Centre. Rendons hommage à ces personnages munis de génie ...et de fortune, le DANOIS de NEUCHATEL y compris. Mais je m'incline devant les deux cent cinquante ans des besogneux souterrains, sous-payés, misérables et exploités comme des bêtes (3), ceux qui ont extrait notre or, cet or noir, brillant et friable qui a créé la fortune de leurs commanditaires, lesquels par retour, ont valorisé notre région.

 

En plus des tireurs de fond, des porions, des gailleteurs, des sclôneurs, des chauffeurs, des palefreniers, des trieuses, des conducteurs, des employés qui ont fréquenté les charbonnages de Houdeng, Strépy, St-Vaast, La Hestre, La Louvière, Mariemont etc. et qui portaient le nom de Pourbaix en étant simplement qualifiés d'ouvrier charbonnier ou de houilleur, et qu'il est difficile de tirer du néant, nous conservons la trace de ceux qui ont occupé les postes avancés ou de ceux qui ont malheureusement subi plus que d'autres les contraintes propres à cette industrie. Non pas que notre pensée penche davantage pour une classe apparemment plus privilégiée ou que nous collections volontiers les faits divers, mais l'histoire est ainsi faite qu'elle ne retient qu'une faible partie de ceux qui l'on vécue.

Ainsi, laissons au lecteur le choix de la spécialisation exercée par leur aïeul ou cousin lorsqu'il se déclare houilleur ou charbonnier. Quant aux autres, un peu mieux connus pour des raisons diverses, les voici.

Auger Pourbaix, né vers les années 1656, décédé à Houdeng le 13 décembre 1724, co-créateur du charbonnage du Grand Conduit en Houdeng le 14 février 1685 (4), auteur d'une des souches Pourbaix de Houdeng-Aimeries.

Robert Pourbaix, fils d'Auger, directeur de travaux au charbonnage de Bois-du-Luc, maître des fosses (1679-1762). Cité comme homme de fief d'Hainaut créé à Mons le 6 juin 1739.

Jean Joseph Pourbaix (1686-1762), maître des fosses, fils d'Auger, directeur de travaux au charbonnage de Bois-du-Luc, beau-fils de Charles SIMON, lui-même maître des fosses co-créateur dudit charbonnage.

Charles Augustin Pourbaix (1711-1779), fils du précédent, petit-fils d'Auger, contrôleur puis receveur de Bois-du-Luc de 1734 à 1779; Au dix-huitième siècle, ce poste était le plus important et pouvait être assimilé à celui d'administrateur délégué dans nos sociétés anonymes d'aujourd'hui. Il a été mayeur d'Houdeng et homme de fief créé à Mons le 11 mai 1739.

Bernard Joseph Pourbaix, arrière-petit-fils d'Auger (1738-1803) était prêtre et termina sa carrière comme chanoine au Roeulx. il ne fut jamais ouvrier ni employé du charbonnage. C'est pourtant grâce à lui que les Pourbaix restèrent encore plus de cinquante ans à des postes clé du charbonnage grâce à sa fortune. C'est en effet le seul Pourbaix qui parvint à réunir le plus gros quota de parts de société de toute l'histoire de celle-ci. Début du dix-neuvième siècle, il possédait de ses acquêts et successions une part 1/92 ème, ce qui permit au fils de son neveu de devenir receveur (caution).(5)

Pierre Pourbaix, dit le dragon (1698-1785), maître des fosses, fils d'Auger, s'est distingué pendant 75 ans au moins au service de la société de charbonnage de Bois-du-Luc; malgré quelques impairs de jeunesse, ceci afin de garder les prérogatives dues aux fils de maître (les créateurs) et après avoir quelques temps pris du service chez les Dragons, servit la société par son énergie et son courage. Figure de proue pittoresque, de deux mariages, il retint huit enfants. Il servit de procureur des actions des Pourbaix à l'assemblée générale des actionnaires et également lors de procès que soutenait ladite société (contre les seigneurs et contre les établissements charbonniers voisins). Il a été le premier "pensionné" aidé de la société.

 

Ferdinand Joseph Pourbaix (1719-1793), petit-fils d'Auger, fils de Jean Baptiste, arpenteur juré. C'est le premier technicien qualifié de l'histoire de la succession d'Auger. Il est l'auteur d'une des branches les plus distinguées de ladite succession, grâce sans doute en grande partie à son alliance avec Marie Catherine RIPOTEAU (1721-1795), fille d'Alexandre RIPOTEAU junior, co-créateur du charbonnage de Strépy-Bracquegnies. Dans sa succession, on trouvera des actions des deux charbonnages. En 1766 et 1767, Ferdinand est cité associé dans les charbonnages d'Haine-St-Paul. En 1768, il est cité associé avec Philippe Joseph ANDRE et Jean COUTEAU et Consorts au charbonnage de "Longtaing-St-Vaast". Il est à cette époque receveur. Il est encore cité comme entrepreneur des charbonnages de Longtain dans un contrat du 17 juillet 1764. Également cité dans d'autres charbonnages de la région de St-Vaast. Il fut créé homme de fief d'Hainaut à Mons le 13 mars 1754.

Philippe Pourbaix (1743-1817), fils du précédent et arrière-petit-fils d'Auger, receveur du charbonnage de St-Vaast.

Jean Baptiste Aimable (1750- ), frère du précédent et arrière-petit-fils d'Auger, est l'auteur de la branche de Binche de la descendance d'Auger. Cité arpenteur, sa profession n'est pas sans rapport avec une formation technique liée aux charbonnages, mais nous ignorons quelles furent les relations entre ce personnage et l'entité.

Ferdinand Emmanuel Pourbaix (1754-1816), frère du précédent et arrière-petit-fils d'Auger, également arpenteur de profession. Nous connaissons des documents qui ont été relevés par ce personnage (archives de Bois-du-Luc). Epoux de Bonne Philippe THIRIAR, sa cousine, fille de Nicolas Joseph et petite-fille de Gaspart THIRIAR, auteur de la dynastie du même nom, bailli de St-Vaast, co-créateur des charbonnages de La Louvière et de la Paix (1735) à St-Vaast (et également du charbonnage de Houssu). Il entrait ainsi, par l'intermédiaire des biens de son épouse, dans la gestion du charbonnage de La Louvière, car il est fort probable que le texte qui suit est en rapport avec lui (6):

On lit dans notre ref:96, page 367:

La concession initiale (du charbonnage de La Louvière) avait été maintenue par l'Empire au camp impérial de Schönbrunn le 29 août 1809, pour 50 ans: "Napoléon, Empereur des Français, Roi d'Italie et protecteur de la Confédération du Rhin accorde la maintenue de la concession du charbonnage de La Louvière à THIRIARD, PARE, POURBAIX et PETIT et l'étend sur une partie des terrains dépendant de l'ancien charbonnage de Bouvy". (7)

Constantin Pourbaix 1764-1820), frère des précédents et arrière-petit-fils d'Auger, contrôleur au charbonnage de Bois-du-Luc.

Constantin Pourbaix (1796-1865), fils du précédent et arrière arrière-petit-fils d'Auger, mécanicien puis contrôleur au charbonnage de Bois-du-Luc, cité également inspecteur. L'inspecteur est un grade tardif dont le rôle était de contrôler les ouvrages et les ouvriers. Constantin possédait des parts de charbonnage et étant donné sa position, il essaya de les accumuler. Il en tenait de celui de Strépy-Bracquegnies venant de son père mais aussi de Marie Philippe Joseph Pourbaix épouse de Jean Baptiste ROLAND. Cette part, par exemple, valait 88 centièmes d'action. Il acheta la part de sa soeur Amélie (la même quotité) en 1853. En 1851, il rachetait également la part d'Amélie et de son frère Alexandre (Bois-du-Luc), provenant de leur mère DELATTRE. Il en avait encore une semblable (1/28608 ème). La mère descendait probablement aussi d'Auger (non étudié). Ses oncle et tante Jean Baptiste ROLAND et Marie Philippe Joseph Pourbaix descendaient tous deux d'Auger. Il racheta à sa soeur la part qu'elle en avait héritée du charbonnage de Bois-du-Luc (1846). Il est probable qu'il possédait de la même manière la même quotité. Ces parts de charbonnage se retrouvent dans la succession de son fils Chrysostome Adolphe mais elles furent vendues par le tuteur des enfants orphelin de ce dernier, le médecin Augustin Pourbaix, avec l'accord du juge et du conseil de famille car il ne voulait pas conserver un portefeuille très diversifié (et ne voulait pas hypothéquer ses propres biens). C'est de cette manière que cette branche n'en posséda plus. Le fils de Constantin abandonna le pays houiller, muni d'un grade universitaire de docteur en philosophie. Constantin, agioteur connu, fut licencié sans ménagement mais avec des indemnités lors de la suppression du poste de contrôleur. VOIR ANNEXE.

Gertrude Pourbaix (1726-1806), petite-fille d'Auger, fille de Jean Baptiste, épouse de Jean Philippe ROLAND (1722-1779), contrôleur du charbonnage de Bois-du-Luc.

François Joseph ROLAND, né en 1747, fils des précédents et arrière-petit-fils d'Auger Pourbaix, vendeur de bière, contrôleur puis receveur du charbonnage de Bois-du-Luc de 1781 à 1812.

Jean Philippe ROLAND, receveur au charbonnage de Bois-du-Luc de 1812 à 1824 en succession de son père; décédé en fonction. Arrière Arrière-Petit-Fils d'Auger Pourbaix.

Jean Baptiste ROLAND, né en 1754, époux de sa cousine Marie Philippe Pourbaix, fille et soeur des arpenteurs, arrière petite fille d'Auger et lui, oncle du précédent, soit arrière-petit-fils d'Auger, vendeur de bière, inspecteur au charbonnage de Bois-du-Luc.

Honoré Joseph GOBERT, né en 1760, fils de Robert GOBERT et de GAUDIER Marie Joseph, époux de Pourbaix Marie Nicole, est décédé le 23/07/1796, écrasé dans une fosse au sable à l'âge de 38 ans.

Désiré Joseph Pourbaix, charbonnier né en 1807, époux de JACQUES Marie Julie, est décédé le 29/09/1862 à St-Vaast, à 6 heures du soir, dans l'embranchement du canal de Charleroi à Bruxelles, au rivage de Croyère, section des Bois de cette commune. Le rivage est l'endroit où les péniches viennent charger le charbon.

Charles Augustin Pourbaix (1781-1862), inspecteur aux houillères, également cité ouvrier charbonnier et employé au charbonnage (1846), fils de Philippe Joseph (1755-1814) et de Marie Joseph MANDERLIER, également descendante d'Auger et à ce titre deux fois arrière arrière-petit-fils d'Auger Pourbaix. A joué un rôle non étudié dans le charbonnage de Longtain en St-Vaast.

Charles Joseph Pourbaix, frère du précédent, né en 1798, décédé en 1876, fils des mêmes, receveur de charbonnage en 1830-31, employé de charbonnage en 1840, agent comptable en 1843, employé en 1864 et 71.

Jules Joseph Pourbaix, fils du précédent et de MEURISSE Angélique, né en 1833, décédé en 1909, employé de charbonnage en 1864-66-68, cité receveur de charbonnage en 1871 et marchand de charbon en 1896.

André Pourbaix (1743-1806), petit-fils d'Auger Pourbaix, fils de Louis Joseph le jeune; marchand, fabricant de bas, il est également cité receveur aux fosses en 1802, receveur adjoint au charbonnage de Bois-du-Luc, directeur en chef de ce charbonnage en 1806. Ce poste de direction du charbonnage, qui n'apparaît qu'au début du dix-neuvième siècle, semble devenir plus important que celui de receveur. La hiérarchie change. Les problèmes techniques prennent le pas sur la simple comptabilité.

André Pourbaix, fils du précédent, arrière-petit-fils d'Auger, né en 1802, cité employé puis inspecteur aux houillères.

Adrien Joseph Pourbaix (1747-1823), fils de Ferdinand Joseph et de Marie Catherine RIPOTEAU. En 1779 est cité maître manufacturier en bas, puis charbonnier puis maître aux fosses en 1809; mais, hormis les actions de charbonnage qu'il devait posséder, on ne connaît pas le rôle exact qu'il y joua.

François Joseph Pourbaix; mention honorable à ce personnage inconnu décédé accidentellement à Houdeng-Aimeries le 7 juin 1718: "at estez misérablement périj dedans une fosse à charbon"

Pierre Joseph Pourbaix (1719-1794), fils de Jean Joseph et de Marguerite SCLOBAS, cité receveur du charbonnage de Maugrétout à St-Vaast en 1772 (8), beau-fils d'Alexandre RIPOTEAU, le co-créateur du charbonnage de Strépy-Bracquegnies.

Jean Joseph Pourbaix (1765-1829), vendeur de bière (1798), fils du précédent, cité contrôleur aux houillères (1804) et receveur en 1818-1824-1826-1829. Il s'agit d'un des charbonnages de St-Vaast et plus précisément Sart-Longchamp.

Jean Joseph Pourbaix, né en 1790, décédé en 1870, fils du précédent Jean Joseph Pourbaix et de ROLAND Marie Joseph, receveur du charbonnage de Sart-Longchamp.

Nicolas Louis, né en 1826, fils d'André et de Marie DRUGMAND, décédé à l'âge de vingt-cinq ans le 06/04/1852 à la fosse St-Hubert, charbonnage de La Louvière.

Martin Joseph Pourbaix (1742-1780), frère de Bernard Joseph (le prêtre), arrière-petit-fils d'Auger, vendeur de bière, mais aussi receveur de la société du charbonnage de Bois-du-Luc, successeur de son père en cette fonction (de 1779 à 1780), décédé en fonction, créé homme de fief à la Cour de Mons le 21 juillet 1769. Il avait été sans doute précédemment receveur adjoint du même charbonnage, cité en cette fonction dès 1768. Il semble qu'il ait tenté de devenir receveur du charbonnage de Maugrétout à St-Vaast, mais (9), n'a pas réussi à réunir la caution nécessaire (acceptée à 7000 livres). C'était énorme.

Charles Augustin Joseph Pourbaix (1801-1847), fils de Sébastien donc petit-fils de Martin Joseph et à ce titre arrière-arrière-arrière-petit-fils d'Auger Pourbaix, receveur du charbonnage de Bois-du-Luc de 1824 à 1847, décédé en fonction. Avec le contrôleur Constantin Pourbaix, ce sont les deux derniers Pourbaix de l'histoire du charbonnage à y avoir joué un rôle.

 

Jean Joseph HAYE, né en 1739, époux de Marie Joseph Pourbaix, fille et soeur des receveurs, commissaire de 1779 à 1781, puis contrôleur au charbonnage de Bois-du-Luc de 1781 à 1791, démissionnaire à cette date. Le contrôleur avait pour mission de contrôler la recette et le receveur général; son rôle est assimilable à celui de commissaire dans un conseil d'administration. Cette fonction disparaîtra en 1846, comme dit plus haut.

Robert Pourbaix (1716-1763), maître des fosses, frère du receveur et petit-fils d'Auger.

Nicolas Pourbaix, " ouvrier aux fosses au service de la société (charbonnage de Bois-du-Luc) a été tué ce jour à la Fosse de l'Avancée par l'effet d'un éboulement; décidé qu'il sera accordé à la veuve et aux enfants dudit Pourbaix un franc par jour provisoirement jusqu'à l'assemblée prochaine de septembre où il sera ultérieurement disposé "(10). Il s'agit de Nicolas Joseph Pourbaix né en 1785, fils de Henri Joseph et de Marie Robertine MAINIL, époux successif de MOTRY et de DUBOIS Marie Joseph; c'est un arrière-arrière-arrière-petit-fils d'Auger. Et à la séance du comité du 29 novembre 1827: "sur pétition présentée par la veuve Pourbaix dont le mari a été tué par accident il y a deux ans... maintient de un franc par jour jusqu'à janvier prochain".

Nicolas et André Pourbaix sont renvoyés définitivement lors de l'assemblée générale du 19 juillet 1830 de la même société. L'un pour avoir donné du charbon (Fosse du Bois), l'autre pour avoir été trouvé emportant du charbon (sur dénonciation). Nicolas fut réintégré le 31 décembre 1831.

Amélie Caroline Pourbaix, née en 1799, décédée accidentellement sur le chemin de fer à l'usage des charbonnages de Sarlongchamp-Bourg, section de Beaume à St-Vaast le 08/07/1860. Elle était fille de Jean-Baptiste et de MILCAMP Marie Augustine et épouse de PAUWELS François Joseph.

Augustin Pourbaix, né en 1857, décédé à La Louvière sur les chantiers du puits de l'Avaleresse des charbonnages de La Louvière le 21/10/1915; il était fils de Nicolas Désiré et de DUBRU Pacifique.

Marie Pourbaix (1689-1771), fille d'Auger Pourbaix, épouse de Martin FONDU; elle travailla aux fosses à plusieurs reprises (11).

Marie Jeanne Pourbaix (1705-1779), fille d'Auger Pourbaix, épouse de Jean GAUDIER; elle travailla aux fosses en 1726 (12).

Jeanne Pourbaix (1710-1780), fille d'Auger Pourbaix, épouse de Philippe DELCUVE; elle travailla aux fosses, sans interruption, de fin 1744 à mai 1746 (13).

Françoise Pourbaix, fille de Charles Pourbaix, travailla de 1727 à 1728; elle était payée à 3 patars, puis 7 patars, c'est-à-dire aux taux des esclauneurs du fond (14).

Marguerite Pourbaix, inscrite de 1726 à 1735 comme ouvrière au charbonnage de Bois-du-Luc, payée à 3,5 puis à 8 patars; elle travailla aussi au conduit (15).

Marie Jeanne BLANQUET, née Pourbaix (1697-1764), fille de Daniel BLANQUET et veuve de Jean-Baptiste Pourbaix, inscrite en 1726 puis 1738 à 1746, payée à 7 patars, comme ouvrière au charbonnage de Bois-du-Luc (16).

Nicolas Joseph Pourbaix (1785-1826), époux de MOTRY Marie Thérèse et de DUBOIS Marie Joseph, fils de Henry Joseph et de MAISNIL Marie Robertine, décédé au charbonnage de Bois-du-Luc, fosse de l'Avancée le 28/06/1826.

Victorien Pourbaix, tué au fond à Ste-Barbe le 06/09/1837 (17).

Jean-Baptiste Pourbaix, tué au fond, à St-Emmanuel, le 09/03/1842.

Hippolyte Pourbaix, décédé suite à ses blessures, à St-Charles le 21/03/1880.


Comme il a été vu ci avant, il est évident que la famille Pourbaix, principalement celle qui venait d'Auger, a gardé une part active dans la direction, l'administration ou la gestion du charbonnage de Bois-du-Luc, mais également dans d'autres lieux, jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle. Ces hommes représentent les points forts de ces familles, du moins pour les siècles passés. Certains, sur le tard, grappillèrent au long des décennies des particules de parts de fosse, que les successions distillaient au fil des générations; et vint le temps où ces parts ne représentaient plus que des quotités de valeur deux cents millièmes ou un millionième. Ce temps qui dura jusqu'au début du vingtième siècle, époque où la société se transforma en société anonyme. Au début du dix-neuvième siècle, le chanoine Bernard Pourbaix avait réussi à réunir une part représentant environ un nonantième du capital social. Il eut l'excellente initiative de léguer ses parts à ses trois frères et sœurs ou leurs enfants. C'est Charles Augustin Joseph Pourbaix qui profitera de cette mesure, vingt-cinq ans plus tard, lorsqu'il devint receveur du charbonnage, poste où il est décédé en 1847 (18).

Avant la révolution industrielle du milieu du dix-neuvième siècle, les postes principaux étaient occupés par des personnages (hormis les techniciens) qui exerçaient une autre profession; ces professions étaient traditionnellement celles de cabaretier, meunier ou censier. Il semble évident que ces individus étaient un peu privilégiés.

Mais les autres, les sans gloire, les sans histoire, les travailleurs de l'ombre ? Quelle était la vie de ces gens, particulièrement celle des charbonniers, au dix-huitième puis durant l'écrasant dix-neuvième siècle ?

Ne nous faisons pas d'illusions; illusions qui seraient basées sur notre condition sociale moyenne présente et la poésie apparente du passé ici évoqué. Les lignes de cet ouvrage n'ayant pas de prétention historique, il n'est pas le lieu d'en parler largement; on a intérêt à s'adresser aux auteurs qui en ont disserté avec autorité et compétence. Durant les deux siècles précités, à part les quelques privilégiés que furent les contrôleurs, les directeurs, les receveurs ou apparentés (19), la masse des prolétaires vivait quasi misérablement. Si l'aisance engendre la richesse, la pauvreté n'engendre que la misère et la pérennité des familles est souvent implacable; cette situation durera jusqu'au début de notre siècle lorsque la législation tenta de sortir le prolétariat de sa misère endémique, ceci grâce à quelques hommes politiques remarquables; et l'on peut se poser la question, avec Jacques BREL, et se demander sincèrement "pourquoi a-t-on tué JAURES ?"

Bien sur, on connaît quelques individus sortis du lot mais cet événement est rare. De toute manière, c'est souvent grâce à des circonstances fortuites liguées avec la volonté de l'homme que l'émergence a lieu. Des gens parfaitement capables sont probablement restés dans les corons sans avoir pu saisir une quelconque opportunité. Il semble que les ressortissants des familles de charbonniers qui ont gravi l'échelle sociale soient seulement ceux qui ont quitté les milieux charbonniers pour cause de commerce, d'agriculture; ou pour l'exercice d'une profession libérale ou intellectuelle. C'est le cas des gens de l'enseignement, des médecins, des géomètres, des arpenteurs.

Pour les familles qui avaient conservé des actions rapportant des dividendes, il est évident que l'accès vers ces reconversions était grandement facilité.

Les familles des pauvres ont vendu leurs parts au milieu du dix-huitième siècle.

Elles ont cru à tort avoir réalisé une bonne affaire. Si elles vendaient pour quitter le carreau et Houdeng, elles en ont sans doute profité dans l'immédiat.

En ce qui concerne les reconversions, citons Adolphe Chrysostome, docteur en philosophie, professeur à Louvain, Gand et Namur; son fils, élevé par son frère médecin, a atteint aux plus hautes fonctions de la magistrature belge. Mais au premier, le père était Constantin, dernier contrôleur du charbonnage de Houdeng qui affichait une certaine aisance. D'autre part, il pu profiter de la bourse d'étude LAURENT dont il était le descendant par les DEFER et LESCRINNIER (bourse accordée aux descendants pour théologie et philosophie)(20). D'autres Pourbaix ont sans doute pu jouir de la bourse LAURENT aussi largement que les THIRIAR (21). En conséquence, beaucoup de carrières ecclésiastiques se sont ouvertes, mais nous les ignorons pour des raisons que nous avons expliquées ailleurs. Il s'agit bien là d'une circonstance favorisante pour sortir du milieu.

Toujours en ce qui concerne les charbonniers et les houilleurs, relisez donc 'Germinal'; Emile ZOLA vous y parle sans doute mieux que quiconque de leur condition. Vous sentirez avec lui l'odeur du suif qui brûle ou de la lampe à huile qui charbonne. Vous aurez constamment les pieds dans des sabots. Vous aurez souvent de l'eau jusqu'aux chevilles, le vêtement humide et sale. Vous rentrerez le soir de votre travail, couvert de poussières collées (22). Vous vous enfermerez dans votre trop petit logement au toit de chaume, au sol de terre battue où braillent cinq à dix enfants, exténué par douze ou quatorze heures d'un labeur écrasant et dangereux. Tout cela sans aucun des droits acquis aujourd'hui, c'est-à-dire sécurité sociale, droit de grève, de préavis, de secours minimum etc.

Descendez de nouveau, avant les accidents: prenez place dans le cuffat ou dans la cage, ainsi c'est en leur compagnie que vous goûterez l'angoisse du noir et de la profondeur; descendez avec les houilleurs, vous sentirez alors l'appel d'air, l'humidité qui monte, l'air qui s'alourdit, la chaleur en bas quelquefois. Propos démagogiques ? Non, certitude historique.

En gros, un ouvrier mineur du milieu du dix-neuvième siècle, gagnait à peu près la même chose qu'à la fin du dix-septième siècle (même pouvoir d'achat), malgré les guerres, les révolutions, les changements de régime, les démonétisations, les dévaluations. C'est cela la réalité du charbonnier des temps anciens. Ce sort fut celui de centaines de Pourbaix qui sont nés et morts dans la région du Centre et qui ont opté pour la houille faute d'instruction, d'initiative ou de liberté réelle de choix.

On peut estimer que le sort des charbonniers de la fin du dix-septième siècle était relativement plus doux, du temps d'Auger ou du temps de l'exploitation en famille des "coureuses de gazon" (affleurement de charbon à la surface du sol). On gagnait à cette époque de six à douze patars par jour, soit une livre Hainaut au maximum. De plus, l'état de charbonnier n'était pas réellement à temps plein. A l'époque où la demande n'était importante qu'en hiver, les charbonniers se faisaient alors embaucher par les maîtres. Après la saison, ils retournaient à la culture, chez des parents ou voisins. On se refaisait une santé (23).

L'industrialisation progressive a changé peu à peu cet état de choses et les contingences de production apparurent au fil du temps, en vue de sauvegarder le capital des commanditaires et de la société. Eternel problème....

Ces gens-là n'étaient pas toujours très heureux; lorsqu'ils sont morts, ils n'ont pas reçu de pierre et leurs corps balafrés des morsures de la matière fossile se sont confondus avec la terre qu'ils avaient creusée toute la vie; rares sont donc les épitaphes et certains sont même restés là où ils travaillaient et où ils tombèrent.

Souvenons-nous d'eux. C'est la raison la plus valable de les tirer du gouffre de l'histoire.

Misère ou pas misère, l'esprit de clan était dominant chez les Pourbaix; aux débuts de l'histoire du charbonnage, ils faisaient semblant de croire qu'ils étaient les maîtres, ce qui devait être vrai sur le terrain, ou dans ce cas précis, sous le terrain. Ils oubliaient parfois qu'ils n'étaient que des ouvriers, sans soucis de la part financière importante de l'affaire. En ce qui concerne les maîtres et les possesseurs de parts, pour se maintenir à niveau, ils durent consentir des sacrifices que l'on imagine mal aujourd'hui. Les appels de réinvestissement pour la création du second conduit en sont un exemple: deux à trois générations, en fait, furent sacrifiées totalement et les créateurs ne surent jamais combien leur legs était lourd à porter.

Cependant, le monde prolétarien se réveille dès que le financier s'éloigne et se contente de comptabiliser les fruits sans partager: le procès qui fut engagé dans la première moitié du dix-huitième siècle contre le seigneur foncier constitue une anecdote préfigurant le procès du vingtième siècle intenté contre la société charbonnière. Il prépare les grandes révoltes sociales de la fin du siècle, qui seront concrétisées par les statuts que la Révolution française et les régimes qui suivirent établiront. C'est la dernière fois qu'ils gagneront car la société libérale et bourgeoise du dix-neuvième siècle enfermera définitivement le prolétariat dans un carcan d'asservissement d'où il ne pourra se desserrer que grâce à un renouvellement des structures politiques.

Nous connaissons l'affaire du procès du dix-huitième siècle en nous référant aux auteurs qui ont traité le sujet. Nous la relevons particulièrement, vu la manière dont les Pourbaix y étaient impliqués. Cette histoire se caractérise par l'esprit que les maîtres et manants voulurent lui donner, ceci afin de lutter le plus efficacement contre l'ingérence générale du seigneur haut justicier dans la conduite du charbonnage. Au début, le maître d'ouvrage possédait encore du prestige et par là, de l'autorité; c'était d'une part la notoriété accordée aux créateurs et d'autre part, à leur personnalité marquante, celle que devaient posséder Simon BLANQUET et Auger Pourbaix. Après le décès de ceux-ci, leurs fils les remplacèrent à la conduite des ouvrages (les petits maîtres), mais leur prestige n'était certainement pas à la même mesure. De plus, à l'assemblée générale de la société du charbonnage de Bois-du-Luc dont nous parlerons ici, par exemple en 1730, les dixièmes de Le DANOIS étaient représentés par une seule personne, en l'occurrence le seigneur ou son bailli, tandis que les parts d'Auger Pourbaix (il en était de même pour les BLANQUET), étaient divisées en neuf ou pratiquement et les autres parts à l'avenant des différentes successions.

Il est certain que le seigneur semblait vouloir faire main basse sur le charbonnage sans considérer la maigre part des croquants. Les fils des maîtres ne l'entendaient pas de cette oreille malgré le rapetissement de leur part individuelle. Ils devaient probablement continuer à envisager les choses de la conduite du charbonnage avec un esprit de famille. A cet effet, les parts restaient par exemple en indivision. Cette période qui se termina par un procès se marqua par une crise. La société ne pouvait plus vivre dans les limites étroites d'une entreprise familiale ou de coutumes féodales séculaires.

Empruntons à l'historien local Jules Monoyer les quelques lignes qui suivent. Nous comprendrons mieux l'optique de l'époque que nous ne pouvons plus restituer à l'heure actuelle, vu la disparition de certaines archives du charbonnage.

"Ses capitaux, son outillage, sa forme sociale exigeaient un bien plus vaste champ d'action. Avec elle, avec toutes celles qui avaient imité son exemple s'ouvrait une nouvelle économie à laquelle il fallait de l'espace et de la liberté...".

Des troubles apparurent; des grèves, plus ou moins contrôlées ou dirigées par les fils des maîtres qui, en raison de la part de leur père ou de celle qui leur avait été dévolue par succession, croyaient avoir droit à des ménagements, tout comme du temps des créateurs.

"En effet, les fils des maîtres qui étaient ici incriminés s'appelaient Pierre et Louis Pourbaix, fils d'Auger et Gaspard BLANQUET, fils de Simon. Le chef de bande, Pierre Pourbaix, dit le Dragon, était un travailleur acharné et très soigneux des intérêts communs. Il était homme à passer des nuits quand c'était nécessaire et venait justement de se signaler à ses chefs en mettant fin à la grève des sclôneurs. En récompense de ses bons services, il avait été appelé à remplacer à la surveillance des travaux Robert CAUPAIN (24) qui ne pouvait plus se faire obéir. Le mécontentement provenait, pour une grande part, de l'autorité que le comte de CERNAY (25) s'était fait octroyer en vertu du contrat fondamental et qu'il exerçait par l'organe de son bailli, de WAESEMAEL. Ce dernier, résidant à Mons, tenait chez lui les livres et n'avait pas remis ses comptes depuis plusieurs années quand il poussa aux mesures d'économie, les ouvriers l'accusèrent ouvertement de vouloir rendre la vie impossible aux travailleurs en général et aux fils de maîtres en particulier pour les forcer à abandonner leur part; le comte de CERNAY les aurait rachetées à vil prix afin d'augmenter ses droits sur l'entreprise. Un jour du mois d'août 1734, comme on se proposait d'exiger des bêles de 23 paumes au lieu de 22, les Pourbaix refusèrent de se soumettre et furent de ce chef congédiés. L'opinion les soutint à tel point que le DANOIS se trouva seul à défendre sa cause. La scission éclata au sein de l'Assemblée et ainsi la crise économique provoqua une crise d'autorité. Devant les tribunaux, le DANOIS se défendit mal et se vit attribuer la plus grande part des torts. C'était le 15 mars 1740. Au mois d'août, de CERNAY vendait ses parts à de BISEAU...." (26).

Le comte réalisa ses biens pour s'installer ailleurs, lui et son bailli de WAESEMAEL. Il emporta fort probablement avec lui les livres de la première époque, ou bien il les détruisit. En tous cas, ils ne nous sont pas parvenus. De BISEAU s'installa sur les terres de la seigneurie de Houdeng, sans toutefois le titre qui faisait l'apanage de la terre: celle de grand maréchal héréditaire de Hainaut que le comte de CERNAY garda.

Après ce procès, tout avait changé dans la mentalité des gens du charbonnage et tout d'abord le seigneur: jusqu'alors omnipotent, il avait vu se dresser devant lui une puissance dont les coffres étaient bourrés d'écus qu'elle avait gagnés avec son appui et avec sa permission et qui lui imposa des maîtres du barreau grassement payés à qui il dût demander grâce malgré son mépris hautain. Tel fut le départ du comte de CERNAY de la terre qu'il tenait de ses pères en Houdeng et son remplacement pour le droit d'entre-cens (27) et ses 4/10 èmes de l'avoir social de charbonnage par la famille de BISEAU et ayants droits. Les juges, perplexes et prisonniers de la loi et du droit féodal inadapté, avaient fait traîner les choses en longueur: c'est de cette manière que cette affaire se clôtura seulement en 1740.

Dans le cas que nous venons d'analyser, les Pourbaix semblent être placés du même côté que la société; il n'en sera pas toujours ainsi. Plus de cent cinquante années plus tard, ils seront l'un en face de l'autre dans d'autres procès.

Des procès, il y en a quantité, avec des appels etc. Nous sommes loin de posséder toutes les pièces. La plupart étaient d'une audace qui frise l'inconscience et sont marqués par une mauvaise connaissance du droit, des filiations généalogiques et de l'histoire de la transmission des parts.

D'après les notes de l'architecte SAINTENOY, un (premier) procès eut lieu en 1867 et permit à vingt familles sur les 45 appelants d'avoir leurs droits reconnus. Nous ne savons pas exactement de quoi il s'agit et quels droits étaient en cause. Toujours d'après la même source un peu vague, en 1879, maître Harmignies, avocat à Mons, fut chargé des intérêts du charbonnage contre 79 Pourbaix, des descendants d'Auger. Dans ceux-ci, une bonne vingtaine eurent leurs droits reconnus. Même remarque que précédemment.

Pour donner des éléments plus précis, voici, extrait d'un arrêt de la sixième chambre de la Cour d'Appel de Bruxelles, daté du 21/02/1913, un procès qui a débuté en 1900.

En cause: Pourbaix contre la puissante Société des Charbonnages de Bois-du-Luc. Nous ne connaissons pas toutes les arcanes de ce procès, mais au travers de l'arrêt, on peut au moins deviner quelle était la teneur de la demande des Pourbaix. Il semble qu'ils réclamaient un dixième de la valeur immobilière du charbonnage, pas moins! Cette demande avait été introduite en 1900. Il s'agit de la valeur due à Auger Pourbaix, co-créateur. Ils seront déboutés. Nous en parlons ailleurs.

 

 

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(1) Un des fondateurs a été volontairement oublié dans la série de ces frontons en pierre reconstituée, peut-être pour une question de symétrie architecturale; c'est un peu injuste. Il est cependant vrai que le rôle de ce septième comparchonnier a été minime car il n'est resté avec les autres que quelques années (la durée n'est pas connue): il s'agit de Charles SIMON.

(2) Nicolas ROLLIN, pour ne pas le nommer, le créateur des fameux Hospices de Beaune, en pays bourguignon. Le DANOIS possédait la seigneurie d'Aymeries, actuellement en France. Ce toponyme est à l'origine que l'habitude créa afin de différencier son fief d'Houdeng de celui de Goegnies. On trouvera plus de précisions sur cette histoire dans ref: 79, p.p. 7 et 8.

(3) voir ref: 28.

(4) année de la Révocation de l'Edit de Nantes.

(5) En fait, ce chiffre n'est nulle part spécifié au niveau de ses testaments ou autres documents. C'est un calcul que nous avons effectué sur la base du fait qu'il avait acheté sans jamais vendre. Les différentes transactions qu'il a menées nous conduisent rationnellement au chiffre cité. Il n'est pas exclu qu'il possédait davantage de parts au moment de son décès. Les sources sont les archives du charbonnage de Bois-du-Luc et le notariat A.E. Mons.

Voir également d'autres remarques dans le texte à son nom dans les crayons et en annexe.

(6) Comme cela arrive malheureusement très souvent dans ce genre de pièce, les prénoms des personnes concernées ne sont pas cités.

(7) Le charbonnage de La Louvière avait été accordé à Gaspard THIRIAR et ses fils le 27/06/1735 par la seigneurie d'Aulne (l'abbé de l'abbaye).

(8) fonds DE PESTRE, A.E. Mons.

(9) fonds DE PESTRE, A.E. Mons.

(10) registre des résolutions dudit charbonnage, assemblée générale du 29 juin 1826.

(11) Nous devons à l'abbé R. Pourbaix, patient compilateur des archives anciennes du charbonnage de Bois-du-Luc, la liste des femmes qui travaillèrent au charbonnage. Voir ref:78 - pour Marie, op.ct. p.32.

(12) ibidem p. 32.

(13) ibidem p.32.

(14) ibidem p.27.

(15) ibidem p.27.

(16) ibidem p.27.

(17) voir ref:78, P.165. Pour ces trois dernières références, des personnages que nous n'avons pas pu identifier d'une façon absolue.

(18) Sur le rôle du receveur, on a intérêt à se référer à ref: 52, pages 179 à 227. Mais il semblerait qu'en Houdeng, le rôle de receveur n'était pas conçu de la même manière, ceci en fonction du contrat de constitution de 1685. On trouvera page 161 de ref: 61, en appendice, "le règlement conçu et arrêté par les maîtres et associés du charbonnage de Houdeng, pour la conduite et direction du commis à établir à la recette du produit dudit charbonnage (1779)". En Houdeng, en effet, l'assemblée des actionnaires a toujours été omnipotente et omniprésente.

(19) Sur le personnel de cadre, on peut consulter utilement ref: 61, pages 109 à 111 et ref: 59, pages 50 à 51.

(20) voir dans ref: 62, page 75 et ref: 69, page 172.

(21) voir ref: 27.

(22) les installations sanitaires dans les mines sont un luxe qui est intervenu très tard dans l'histoire de cette industrie, au début du 20 ème siècle.

(23) ref: 59 pages 60 et 61, ainsi que ref: 45, page 210.

(24) dans une de nos référence que nous ne voulons pas citer, il est dit 'Robert Pourbaix'.

(25) Le DANOIS était comte de CERNAY.

(26) Les DE BISEAU relevèrent la seigneurie par achat.

(27) le droit d'entre-cens est le droit que perçoit, dans le comté de Hainaut, le seigneur haut justicier qui a laissé ouvrir ses terres en vue de l'extraction houillère ou autre. Pour le DANOIS de NEUCHATEL, en 1685, il était de 1/8 ème de la meilleure partie extraite. Le quota en question variera en fonction du temps, du seigneur et des circonstances.

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Christian Goens - La Louvière - Belgium- mai 2005 - tous droits réservés