POURBAIX Martin Joseph, receveur

 

permission de vendre à boire à Martin Pourbaix, assemblée du 21 février 1780, p.75 verso et 76 recto, registre des résolutions du charbonnage de Bois-du-Luc. A.E. Mons, Bois-du-Luc.), crée homme de fief d'Hainaut le 21 juillet 1769 ("Les hommes de fief sur plume", A.Wéry et A.Louant, recueil n°1 des Tablettes du Hainaut - Hombeeck, p.351.), receveur au charbonnage de Maugrétout à St-Vaast en 1770) (pour le charbonnage de Maugrétout à La Louvière, voir Fonds DE PESTRE, A.E. Mons, lettres 55, 56, 60 (avec signature)), receveur à la société de Charbonnage du Bois-du-Luc en 1779 en succession de son père, décédé prématurément en cette fonction (décès confirmé par assemblée générale du 12 mars 1781, registre des résolutions du charbonnage de Bois-du-Luc, A.E. Mons.) et (voir "Mémoires généalogiques sur quelques familles bourgeoises des environs du Roeulx", Jules Monoyer, Mons, Manceaux, 1881, p.p. 14 et 15.).

 

Ce personnage haut en couleur qui fut le grand-maître apparent du célèbre charbonnage pendant deux ans seulement, une mort prématurée le retirant trop vite à l'affection des siens, devait posséder une notoriété certaine sur la place et s'agitait déjà depuis plus de 10 ans avant son décès pour parvenir à la maintenir. C'est pendant le temps de sa charge que l'on installa la première 'machine à feu ' de l'histoire dudit charbonnage (bénédiction le 23 mai 1780). De la même trempe que son père et ses frères, il maria remarquablement bien deux de ses enfants et un de ses petits-fils restera également receveur de charbonnage pendant 25 ans. Pour pouvoir prétendre à la situation de receveur, appointé à 600 livres par an, il dû fournir caution de 12.000 livres, soit 20 ans de salaire (voir "Les charbonniers de Bois-du-Luc", Robert Pourbaix, Fédération du Tourisme du Hainaut, Mons, 1983, p. 57). Mais c'était la coutume. Il est vrai que son beau-père, détenait une grosse ferme (la ferme dite des Quatorze Bonniers) et des parts du charbonnage de Strépy-Bracquegnies dont il était lui-même le receveur. Et le père Pourbaix était le receveur du charbonnage de Bois-du-Luc. Une affaire de famille !

Nous possédons plusieurs autographes de cet individu tout à fait exceptionnel (Fonds de PESTRE). Le 16 décembre 1770, une lettre adressée au bailly du comte de Seneffe (de PESTRE), nous révèle qu'il s'occupe des comptes d'un des charbonnages de St-Vaast.

Une autre, datée du 7 septembre 1771 nous révèle qu'il tente d'en devenir le receveur mais il éprouve des difficultés de verser la caution (7000 livres). Son père et son beau-père, tous deux receveurs lui ayant promis, etc. Il semble qu'il expédie au même, une lettre semblable datée du 20 signifiant que la caution est réunie. Le bailly lui répond le 22 de faire ses devoirs devant homme de fief et la lettre est adressée " Monsieur Pourbaix, receveur des fosses de Maugétout à Houdeng ", ce qui prouverait qu'il était déjà en charge non-officielle du poste qu'il postulait.

Cependant, une autre lettre du bailly datée du 27 septembre signale qu'il a reçu des plaintes des " Messieurs de Mons " comme quoi il ne paye plus les ouvriers et qu'il va agir contre lui, pour cette affaire de paye et pour la caution qu'il n'a toujours pas reçue !

Martin tire les choses en longueur mais aussi le diable par la queue.

Le 9 décembre, il expédie de nouveau une lettre plus sèche, adressée à " Pourbaix, receveur des fosses de Malgrétout ". Il lui apprend que le comte de Seneffe a donné l'ordre de le poursuivre par voie de justice pour le contraindre de donner caution pour les deniers qu'il a en garde de la Recepte des Fosses de Malgrétout.

Nous n'en avons pas la preuve, mais nous concluons que Martin Joseph ne fut pas plus longtemps le receveur de Malgrétout, le charbonnage de St-Vaast qui ne fit pas long feu malgré qu'on ait longtemps essayé, malgré tout, d'en tirer des profits (les puits se situaient approximativement sur l'aire qui sépare actuellement l'église St-Joseph et le boulevard Mairaux (actuellement La Louvière), avec une partie du pâté de maison formé par la rue Albert Premier et la rue Kéramis) (d'après Fernand Liénaux, la servitude qui relie les deux rues, le passage des 'Tissus français' serait un reliquat de cette époque; il y resta longtemps un puits d'accès).

lettre anuscrite 1771 lettre manuscrite de 1771 (download important)

Par une dernière lettre du 10 juin 1772, on croit comprendre que c'est le père de Martin, le receveur des Fosses de Houdeng, qui fut chargé des affaires courantes. Il avait sans doute les reins plus solides et possédait plus d'expérience.

 

Le père de Martin semble n'intervenir que pour expédier les affaires courantes car nous possédons une lettre de juin 1772 où il semble prouvé que celui qui obtint le poste de receveur des fosses de Maugétout en Saint-Vaast était Pierre Joseph Pourbaix (1719-1794). Ce dernier n'est pas issu du même ancêtre que les précédents car il descend de Jean Joseph Pourbaix et de Marguerite SCLOBAS Il est donc issu du clan de Thomas via Jean, en son temps vicomte de Goegnies. Pierre Joseph Pourbaix était le gendre d'Alexandre RIPOTEAU, co-créateur du charbonnage de Strépy-Bracquegnies. Voir ci-joint une lettre adressée au bailli du comte de Pestre à Seneffe.

lettre de Pierre Joseph Pourbaix, rceveur (download important)

 

Mais, revenant à la charge après la mort du père qui exerça la recette du charbonnage de Bois-du-Luc pendant 45 ans, Martin Joseph se porte sur la liste des prétendants à la succession au plus haut poste du charbonnage (page 74 verso, reg n° 1 op.ct., assemblée du 9 août 1779):

" Il a été fait choix de Martin Joseph Pourbaix pour exercer la recette du charbonnage vacante par le décès de son père Charles Augustin Joseph Pourbaix, à charge et condition de ne plus vendre aucune boisson quelconque ".

Il était cabaretier. On serait tenté de se représenter le receveur qui touche 50 livres par mois du charbonnage, comme un grand seigneur ou peu s'en faut; il n'en est rien. Cette particularité présentait des inconvénients, non pas, comme on pourrait le croire, parce que cela aurait pu nuire au prestige du premier employé du charbonnage, mais parce que l'assemblée pouvait craindre la compromission du chef avec les ouvriers, ses clients. Ainsi le comprenait l'assemblée qui lui enjoignit de revendre son comptoir. Mais Martin Joseph n'est pas homme à se laisser faire et était démuni de complexes; il se plaignit bientôt d'être lésé dans ses intérêts, alléguant comme excuse que sa principale clientèle lui venait des charbonnages voisins; et les maîtres jugèrent qu'au fond, il n'y avait pas incompatibilité entre les deux métiers, à condition d'y tenir l'œil et il fut autorisé à racheter son comptoir (registre n° 1, op.ct., page 75 verso, assemblée du 21 février 1780 tenue à Houdeng.):

" Martin Joseph Pourbaix, receveur du charbonnage aïant représenté que la clause contenue en la collation de la recette lui donnée provisionnellement le 9 août dernier de ne pouvoir exercer aucun commerce des choses utiles aux ouvriers, lui était extrêmement préjudiciable en ce qu'elle le privoit du profit qu'il faisoit ci-devant en vendant à boire, surtout qu'il avoit un grand débit de bière par les ouvriers de Bracquegnies qui venoient boire chez lui, pourquoi il demandoit qu'il lui soit permi de tenir cabaret, comme il faisoit avant qu'il soit pourvu de la recette du charbonnage de Houdeng. Il a été conclu de lui accorder la permission demandée pendant le terme de un an par forme d'exeption parmi néanmoins que les associés ne soient point génés par les buveurs les jours qu'ils seront assemblés chez lui, et qu'il sera donné à connoître aux ouvriers de leur charbonnage qu'ils ne sont plus astraints à aller boire chez le receveur que tout ailleurs...".

Il faut dire que les assemblées ordinaires se faisaient chez le receveur et pour autant que celui-ci tenait un établissement de débit de boisson, c'était une facilité plus agréable pour elles. Pour le receveur également car il pouvait recevoir ainsi ses clients du charbonnage en un endroit donné et on discutait des commandes derrière un boch. Tout le monde y gagnait. De véritables bâtiments administratifs n'existaient pas encore.

En dehors de tout contrôle historique possible, on peut s'amuser à penser que Martin Joseph était un beau parleur et un joueur: s'il ne paya pas, à un moment ses ouvriers, ce qui mécontente visiblement (et les ouvriers) et ces messieurs de Mons qui doivent être les principaux commanditaires de cette affaire foireuse (la société minière de Maugétout fut créée en 1739, à l'initiative des sieurs Jean BAIZE, Nicolas LAGNEAU et L.A. DUQUESNE. Ils tentèrent cette aventure en commençant l'extraction malgré le mauvais état du sol, en dépit des marécages et des difficultés de toutes sortes "maugétout", ils s'acharnèrent à ouvrir une fosse à cet endroit. Ce fut un échec. (voir ref: 66, p.89.). Cependant, on peut douter que cet essais ait duré quarante ans; on en conclu qu'il y avait quand même du charbon, aucun financier n'étant suffisamment patient tant d'années.), c'est qu'il fait rétention de l'argent de la recette des comptoirs de vente pour gonfler, à son avantage, la masse de la caution. Ses père et beau-père avaient certainement les moyens de se porter garant et ils ne le firent pas. Bizarre. Il est décédé à l'âge de 39: c'est un âge où l'on meurt rarement et nous n'en connaissons pas les circonstances. Mais il est certain que la famille perdait en lui un de ses 'battants'.

lettre manuscrite 1770 lettre manuscrite de 1770 (download important)

Il n'y a aucun doute en ce qui concerne la qualité des services qu'il rendait à la société; elle s'en souvenait encore parfaitement un demi-siècle plus tard: (Assemblée du 2 août 1824, page 88, registre N° 1 (le receveur Jean Philippe Roland vient de décéder))

"Après avoir pris en considération le mérite et la qualité respective des candidats, l'assemblée générale donne la préférence à Charles Augustin Joseph Pourbaix d'Houdeng, fils de Sébastien Joseph et petit-fils de Charles Augustin Pourbaix, âgé de 24 ans et arrière petit-fils de Martin Joseph Pourbaix, qui ont exercé l'emploi de receveur de la Société d'une manière irréprochable jusqu'en 1782...." (Il y a inversion des personnages, chronologiquement, entre Martin Joseph Pourbaix et son père.)

Mais concernant ce dernier personnage, rendez-vous aux pages lui consacrées.

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