POURBAIX Alfred, banquier, bourgmestre, conseiller provincial (4658711)

Banque Nationale de Belgique, notices biographiques 1850-1960:

on y trouve ce qui suit, pp 244-45:

Pourbaix Alfred (Buvrinnes 1847 - Binche 1886).

Administrateur du Comptoir d'escompte de La Louvière 1884-1886. Il était gérant, avec son frère, de la Banque Pourbaix. L'immeuble qui en fut le siège, portant l'inscription "Banque Pourbaix" gravée dans la pierre, existe toujours à Binche (nous n'avons jamais trouvé cet immeuble). Conseiller provincial, il fut conseiller communal de Binche, et, de 1883 à 1885, bourgmestre de la Ville. A son décès, sa femme, Mme Alfred Pourbaix, née Désirée ROUSSEAUX (v.c.n) lui succéda au Comptoir d'escompte (Photo).

Pourbaix Mme Alfred (née Désirée ROUSSEAUX)

Administrateur du Comptoir d'escompte de La Louvière 1886-1891. Succédant à son mari, Alfred Pourbaix (v.c.n.) comme administrateur du Comptoir d'escompte, elle démissionna en 1891.

Il n'est pas impossible que cet ancien bourgmestre de Binche soit inhumé dans une concession à perpétuité, très grande, intitulée sans autres précisions 'SEPULTURE POURBAIX-ROUSSEAU'. Elle est située juste au milieu du cimetière de Binche, dans l'allée centrale, sur la gauche de la grande chapelle funéraire.

Il existe, dans le bâtiment de l'administration communale de Binche, sur le manteau de la cheminée du cabinet du bourgmestre, un grand tableau représentant la 'généalogie successorale' des différents bourgmestres de la ville et des principaux mandataires. On y voit donc le nom d'Alfred Pourbaix. C'est une curiosité.

Alfred Pourbaix fut également conseiller provincial. Ceci est attesté par les deux pages qui suivent, issues d'un buletin émis par cet organisme: "Liste des Membres du Conseil Provincial du Hainaut - 1836-1885"

Alfred et Désirée eurent quatre filles: Jeanne, Juliette, Irma Marguerite et Nelly.

Alfred Pourbaix est mort à l'âge de 38 ans, d'une manière que nous n'avons pas encore déterminée. C'est un drôle d'âge pour mourir, mais ne dit-on pas qu'il n'y a pas d'âge pour mourir? Avant d'aller plus avant dans l'enquête, je me demande s'il ne se serait pas donné la mort. A voir dans la suite de cet article.

Nous avons la chance d'avoir retrouvé, après bien des recherches, le faire-part mortuaire de ce très intéressant personnage. Pour la petite histoire, que l'on sache que le document a fait le voyage aller-retour au Canada puisque c'est une ressortissant de la famille actuellement établi là-bas qui me l'a fait parvenir par courriel. Qu'il en soit remercié.

faire-part du décès d'Alfred Pourbaix pour voir le faire-part en grand, cliquez ici faire-part du décès d'Alfred Pourbaix (download important)

A y bien regarder, nous ne savons pratiquement rien de ce personnage qui est conseillé provincial a 35 ans, est maire d'une ville encore à l'époque en pleine activité. Que serait-il devenu s' il avait continué ses activités? Comment se fait-il qu'un personnage d'un tel gabarit ne soit pas mieux connu?

Le faire-part, remarquablement sobre, ne nous dit pas qu'il "est mort après une longue maladie", ne nous dit pas "qu'il est mort inopinément", ne nous dit pas "qu'il est mort accidentellement". C'est assez rare chez nous. Par contre, d'apprendre qu'il se fait inhumer sans cérémonie religieuse nous surprend moins quand on croit qu'il était franc-maçon comme son frère et sans doute libre penseur. Le document nous apprend encore que la Maison mortuaire se trouve rue de Buvrinnes (sans doute sa demeure), qu'une de ses filles est sans doute décédée et que son frère et son neveu ne sont pas encore 'de Pourbaix'. Il ne pouvait d'ailleurs pas imaginer que celui-ci serait à l'origine d'une dynastie incroyable qui se disséminerait dans le monde entier suite à une guerre, qu'ils deviendraient tous polonais et que sa nièce Renée serait un jour princesse.

Peinture d'Alfred jeune conservée dans la famille successorale Dooms


AFFAIRES BANCAIRES

Dans une excellente étude due à Jacqueline LIEBIN, en ce temps Premier Assistant à L'Université de l'Etat à Mons, "Panorama des Banques Hainuyères de la seconde moitié du XIXè siècle", in Recueil d'études d'histoire hainuyère, Jean-Marie Cauchie et Jean-Marie Duvosquel, tome 1, Hannonia, Mons 1983, la situation et l'évolution des banques privées sont étudiées et on peut y trouver des références au sujet de la Banque Pourbaix de Binche.

En ce qui concerne les investissements en Russie, auxquels la famille Pourbaix avait également participé, on constate qu'ils n'ont pas été un cas unique et l'on peut lire, p. 749: "Comme les Gillieaux de Gilly, les Delloye participeront à la création de nombreuses affaires industrielles et Emile Delloye-Orban fera même, à la fin du XIX ème siècle, d'importants investissements en Russie dans des chantiers navals, des briqueteries et des mines de houille."

Pour les Pourbaix, il était également question de briqueteries.

Quel Pourbaix? Honoré Désiré Joseph (465871) de la première souche de Buvrinnes. Il avait trois fils: Auguste, Alfred et Honoré.

Une assez grande quantité de banques privées ont été crées entre la période 1868 et 1875. Ce fut le cas à Binche avec la Commandite Pourbaix-Bernier (Banque de Binche), dont beaucoup d'actionnaires sont français et qui aura une succursale à Fourmies ( Nord). Les Pourbaix, dont le père était négociant en houblon, détiennent des intérêts notamment dans les Charbonnages de Ressaix, une carrière à Soignies et les Usines, Boulonneries et Fonderies de La Louvière. (p. 751)

Entre la période 1875 et 1888, une grande quantité de banques privées disparurent, entrées en liquidation ou absorbées par des organismes plus puissants et ce fut le cas de la Banque Pourbaix. Sans doute en 1891 et l'on peut lire, p. 753: "Entre aussi en liquidation la Banque de Binche (Pourbaix, Bernier et Cie)".

p. 754: "La disparition des archives de ces établissements nous prive de renseignements précis sur le rôle qu'ont pu jouer la plupart des banquiers locaux. On sait cependant que quasi tous exerçaient des activités connexes à la banque. Un grand nombre s'intéressent évidemment aux secteurs industriels importants comme les charbonnages, la métallurgie, la verrerie ainsi qu'aux moyens de communication; mais on en retrouve également dans le domaine alimentaire (sucreries, brasseries, denrées coloniales...) de même qu'il y eut plusieurs banquiers marchands de bois, tanneurs et maîtres de carrières...".

La banque Pourbaix frères (Banque de Binche) est citée dès 1873 et ce, jusque 1891. La date de création précise est le 06/11/1870. Elle avait une succursale à Fourmies (Nord) et devient le 19/12/1874 la Commandite Pourbaix, Bernier et Cie (p.757).

La Banque Pourbaix Frères avait une succursale à Buvrinnes, citée au moins en 1873 comme agence de la Banque de Binche. (p. 758).

La banque Pourbaix conserve donc son existence jusque 1891 mais Alfred Pourbaix, avant cette date, est déjà administrateur du Comptoir d'Escompte de La Louvière depuis 1884, dépendant de la Banque Nationale, où il est décédé en fonction en 1886 en ayant été bourgmestre de Binche jusque 1885. Dans l'ouvrage "Le Centre" cité en référence et édité en 1930, on pouvait lire, p. 318 les éléments suivants concernant le Comptoir d'Escompte de La Louvière: "Le rôle de celui-ci, quoique limité par sa charte constitutionnelle, devint cependant considérable; dès 1880, il se classait parmi les cinq ou six Comptoirs les plus actifs du pays. Dirigé par des éléments compétents, il s'adapta aux nécessités de l'industrie, en garantissant les effets escomptés à l'Agence, soit pour compte de la Banque Nationale, soit pour compte de la Caisse Générale d'Epargne et de Retraite. Il coopéra ainsi puissamment à l'essor du Centre."

En étant administrateur de ce Comptoir, Alfred Pourbaix ne jouait donc pas du tout un rôle secondaire.

Si Auguste et sa famille sont partis en Pologne en 1893, ce n'est donc que deux années après la cessation des activités bancaires alors qu'un des trois frères était déjà décédé.

Si Alfred est à la fois à Binche, à Buvrinnes et à La Louvière, Honoré semble s'établir en France, dans le département du Nord, à l'agence de Fourmies. Il épouse une dame de la région avesnoise et il y est inhumé (à Féron). Fourmies est une commune française située au sud-ouest-ouest de Chimay, à environ 15 km à vol d'oiseau. Il était membre de la Loge "La Parfaite Union" à l'Orient de Mons, initié le 11/06/1883, compagnon le 13/04/1885, maître le 14/12/1885. On peut supposer qu'Alfred était également franc-maçon.

Pour voir la suite et deuxième partie: ->

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